Rechercher dans ce blog

Sunday, October 24, 2021

Biodiversité. Les technologies au service de l'écotourisme en Forêt-Noire - L'Humanité

À quelques kilomètres de la frontière française, un centre d'interprétation destiné à faire découvrir la faune et la flore du massif montagneux de la Forêt-Noire, en Allemagne, vient d’ouvrir ses portes. À travers un labyrinthe d’installations reconstituant les milieux naturels, ponctué d’écrans interactifs et de salles de projection, les visiteurs sont invités à pénétrer les mystères du vivant. 

« L’hiver dernier, nous avons vu partout que la pression montait très fortement sur la nature. C’est très bien, parce que les gens s’intéressent, demandent, se rapprochent des milieux naturels, mais il faut aussi respecter les règles pour protéger les écosystèmes. » Ursula Pütz, la directrice de l’information aux visiteurs du Centre du Parc national du Ruhestein, le constate à son échelle : l’épidémie de Covid a bien eu pour conséquence de développer de manière spectaculaire une nouvelle forme de tourisme, plus centrée sur la découverte des milieux naturels préservés, que sur la fréquentation des plages surpeuplées qui sentent l’huile solaire. « Quand nous avons ouvert le centre le 12 juin, nous avons été obligés, comme tout le monde, d’observer les mesures de restriction liées au Covid en n’acceptant que 100 visiteurs par jour. Trois mois après, plus de 24 000 personnes sont passées, c’est déjà très bien », ajoute Ursula Pütz.

Construit près de la route des crêtes du massif montagneux de la Forêt-Noire, au Ruhestein, à quelques kilomètres à vol d’oiseau de la frontière française, cette grande construction aux lignes résolument contemporaines frappe par son intégration dans l’environnement. Constitué de plusieurs longs parallélépipèdes superposés, entièrement recouvert de bois issu des forêt voisines, il n’est quasiment pas visible avant qu’on s’en approche. Le cabinet d’architecte Sturm et Wartzeck, de Hessen, qui a remporté l’appel à projets sur 180 candidatures, s’est inspiré de photos des ravages produits par la tempête Lothar, la « tempête du siècle » du 26 décembre 1999, où les vents ont atteint jusqu’à 200 km/h, abattant en deux heures plus de 30 millions de mètres cubes de bois. L’idée a été de concentrer de manière épurée et contemporaine cet enchevêtrement d’énormes arbres arrachés, sur une petite surface. 

Naissance difficile

Le centre vient compléter la naissance, en 2014, du premier parc national du Bade-Wurtemberg, le 16e d’Allemagne. 

Une naissance qui s’est faite attendre puisque le débat sur l’implantation d’un parc national dans ce Land aujourd’hui dirigé par les Verts, a débuté il y a 30 ans. « À l’époque, la population et les politiciens n’étaient pas prêts », explique la directrice de l’information du centre. Les contraintes imposées par le cahier des charges d’un parc national sont en effet beaucoup plus rigoureuses que celles d’un parc régional, et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) veille au respect de ces règles. À terme, aucune activité humaine n’est autorisée dans le cœur d’un parc national, y compris la cueillette de champignons ou de fleurs, afin que la nature puisse reprendre ses droits comme au temps où l’animal humain n’existait pas. Seule la randonnée sur certains chemins dûment balisés est permise. Quand les discussions sur l’opportunité de créer ce type de parc dans le second Land le plus riche d’Allemagne ont repris au début des années 2000, les oppositions restaient encore très vives.

© Jean-Jacques Régibier

Si les Verts et le SPD militaient pour, la CDU, le FDP (Libéraux) et une partie de la population s’y opposaient toujours fermement. On voit aujourd’hui encore dans des hameaux perdus au fond de petites vallées, ou même à l’entrée de certaines villes, le fameux logo « National Park » sur fond vert, barré d’un grand trait rouge indiquant que, ici, la perspective d’un parc national n’était pas la bienvenue. Un référendum, auquel les résidents étrangers ont pu participer, et où le « oui » l’a finalement emporté, a mis fin à la polémique et aux oppositions. L’idée qu’un investissement dans des paysages de qualité et une nature protégée puisse devenir une valeur économique d’avenir, semble confirmée par l’augmentation de la fréquentation touristique. « Le but du parc, celui qui est au-dessus de tout, c’est la protection de la nature. Mais les parcs nationaux ont toujours aussi des buts touristiques », rappelle Ursula Pütz. 

Interactivité et réalité virtuelle

Entièrement enveloppé d’une architecture de bois et de verre, le Centre intègre les technologies de communication les plus avancées pour aborder tous les aspects de la vie en milieu forestier : écrans tactiles, hologrammes, réalité virtuelle, simulateurs permettant au visiteur de survoler le massif forestier comme s’il était un oiseau, mais aussi installations plus classiques reproduisant le milieu forestier ou salles de cinéma. Un parcours en labyrinthe s’enfonce petit à petit dans l’univers du vivant jusqu’à faire pénétrer dans le monde souterrain des écosystèmes, où mycélium de champignons et racines d’arbres échangent leurs éléments nutritifs et leurs énergies. Les enfants et les personnes qui peuvent lire constituent le public prioritairement visé, mais plusieurs écrans bénéficient d’une traduction en langue des signes, et un système de communication pour les aveugles est en cours d’installation. Avec un simple jeton donné à l’entrée, les visiteurs ont accès à trois langues, allemand, français et anglais. « Le centre est d’abord conçu pour informer les gens qui viennent ici pour les randonnées, ce qu’on peut faire, quelles sont les règles, les questions sur les animaux, est-ce qu’il y a le loup, etc., mais aussi pour les personnes qui ne peuvent pas faire de grands parcours et ceux qui n’ont pas une grande affinité avec la nature. Nous sommes là pour leur donner des idées et des impressions, et l’envie de voir la nature », explique Ursula Pütz. 

© Jean-Jacques Régibier

Dans un pays qui possède beaucoup moins d’atouts touristiques que d’autres pays européens, le pari du développement d’un tourisme axé sur la préservation des paysages et sur la qualité des milieux naturels, pourrait s’avérer être un choix judicieux que le changement des comportements dû à l’épidémie de Covid semble accélérer. Le choix d’une politique touristique à long terme dans lequel s’inscrit la construction du centre du Parc national de la Forêt-Noire, pourrait également porter ses fruits. La communication du tourisme en Forêt-Noire faite par les pouvoirs publics est en tous cas entièrement axée sur le thème de l’air pur et des pratiques de loisirs en milieu naturel, comme la randonnée ou le VTT, ou bien la fréquentation des bains thermaux. La Forêt Noire compte une quinzaine de thermes alimentés par les eaux chaudes de profondeur. Les plus fameux sont les bains de Caracalla à Baden-Baden, dont la notoriété depuis l’époque romaine n’a jamais faibli, semblant donner l’exemple d’un investissement touristique à long terme particulièrement réussi.

Adblock test (Why?)


Biodiversité. Les technologies au service de l'écotourisme en Forêt-Noire - L'Humanité
Read More

No comments:

Post a Comment

À Lannion, Lumibird poursuit sa course en tête des technologies laser - Le Télégramme

À Lannion, Lumibird est un fleuron industriel et technologique . Fondée en 2018, dans la foulée du regroupement de Keopsys et Quantel, l’en...