Écrans, enceintes, voitures et, demain, réfrigérateurs, miroirs, perceuses ou marteaux : les outils, numériques, connectés, pilotés par une intelligence artificielle sont partout. Est-ce une chance ou un danger ? Les deux, estime le psychiatre Serge Tisseron, fondateur de l’Institut pour l’étude des relations homme-robots (IERHR). Pour le chercheur, membre de l’Académie des technologies, ces dernières peuvent peuvent engager l’humanité dans des tâches collaboratives profitables à tous
. À condition toutefois, estime Serge Tisseron de les utiliser avec frugalité
– terme qu’il préfère à celui de « sobriété » – et de savoir qui les contrôle, et dans quel but.
Les nouvelles technologies ont pris une place importante dans notre quotidien. Est-ce une chance ou un danger ?
Toutes les technologies sont à la fois une chance et un danger. Selon ceux qui les contrôlent, elles peuvent humaniser l’homme ou le déshumaniser. Elles peuvent engager l’humanité dans des tâches collaboratives profitables à tous, et permettre à chacun de mieux se connaître lui-même et de mieux connaître les autres. Mais elles peuvent aussi permettre à quelques-uns de devenir toujours plus puissants.
Est-ce la technologie qui est au service de l’homme, ou l’homme qui lui est asservi ?
Cette question a reçu plusieurs réponses. Dans l’artisanat, l’homme utilise ses outils selon ses nécessités. Puis avec le capitalisme industriel, mis en scène dans Les temps modernes de Charlie Chaplin, l’homme est asservi aux rythmes des machines, et il le sait. Avec les outils numériques, nous entrons dans un troisième moment. Nous avons l’impression qu’ils sont totalement à notre service, mais les algorithmes développés par les fabricants nous poussent à les utiliser toujours plus longtemps, pour que nous cédions toujours plus aux publicités qu’elles nous proposent et que nous leur abandonnions toujours plus de données personnelles. Nous croyons être les maîtres de ces outils, mais nous sommes en réalité asservis par leurs algorithmes sans le savoir.
Que vous inspirent les révélations récentes sur les pratiques de Facebook ?
Elles confirment ce que beaucoup craignaient : Facebook est plus soucieux de son modèle économique, basé sur la dérégulation des comportements de ses utilisateurs, que de leur bonne santé. Il nous enferme dans des bulles en nous rattachant à un petit groupe de gens qui pensent et font comme nous, et nous finissons par croire que nos choix sont les seuls possibles et que ceux qui pensent autrement sont des imbéciles, ou même des ennemis. Ces révélations confirment aussi que Facebook protège mal nos données. Avec le risque...
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