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Wednesday, August 31, 2022

[L'instant tech] En Islande, la start-up Vaxa Technologies cultive des microalgues grâce à la géothermie et aux lumières LED - L'Usine Nouvelle

Un grand soleil illumine le champ de lave. En contrebas du volcan Hengill, l’étendue de pierre noire parsemée de mousse forme un paysage lunaire et irrégulier, à moins d’une demi-heure de route de Reykjavik, capitale de l'Islande. Le changement d’ambiance à l’entrée des locaux de Vaxa Technologies n’en est que plus frappant. Dans le vaste hangar aux murs opaques, la douceur de la lumière matinale laisse place à une pesante atmosphère mauve. De grandes étagères verticales y vrombissent, bardées d’ampoules, de tuyaux et de câbles. Bienvenue dans la première ferme verticale à l’échelle industrielle de Vaxa Technologies. La start-up israélienne fondée en 2016 (sous le nom Algaennovation), est installée en Islande, à proximité de la centrale géothermique d’Hellisheiði depuis 2017. C'est là qu'elle déploie et optimise sa ferme verticale de microalgues... Avec l'espoir de transformer l'alimentation.

Transformer l'électricité en nourriture

La lumière mauve ambiante témoigne du travail d'optimisation de la pépite. Dans le détail, chacun des larges panneaux de plastique verticaux qui accueille les algues en culture est enserré d’ampoules LED rouge et bleue. « Les microalgues n’utilisent que ces longueurs d’onde pour faire de la photosynthèse : une ampoule classique, qui émet sur tout le spectre lumineux, gâcherait de l’électricité », explique Kristinn Haflidason, directeur opérationnel de Vaxa en Islande. Épais de seulement quelques centimètres pour cinq mètres de haut, les aquariums à algues – ou photobioréacteurs – ont la morphologie idéale pour assurer la pénétration de la lumière malgré la densité des microorganismes qui s’y développent.

VOS INDICES

L’objectif ? « Transformer l'électricité en nourriture », résume Kristinn Haflidason. C’est-à-dire utiliser la photosynthèse pour produire des microalgues, et ce à partir d’eau, de CO2 et de lumière artificielle ! Tout en optimisant l’empreinte au sol de l’exploitation agricole d’un nouveau genre.

Les microalgues sont cultivées dans de fins panneaux de plastique, éclairées par des ampoules LED qui diffusent une lumière adaptée à leurs besoins. Crédit photo : Pascal Guittet

« Un champ de soja en plein air, c’est en moyenne deux récoltes par an, avec seulement 1% de la production qui est composé de protéines. Nous récoltons jusqu’à un dixième de ce que notre culture chaque jour, et près de la moitié est composée de protéines », chiffre l’industriel. De quoi produire 7 à 10 tonnes de microalgues par an dans les quatre premières unités de production de Vaxa Technologies, qui soutirent pour cela 1,5 mégawatt (MW) d'électricité. Avec 15 000 mètres carrés de surface de production, la start-up a déjà de quoi multiplier par dix sa production, et a déjà entamé les chantiers pour sa prochaine extension.

Recours à la manne géothermique islandaise

Fondée en Israël par le scientifique Isaac Berlin, la start-up s’est installée en Islande, où elle emploie 23 personnes, pour bénéficier de la manne géothermique. Tout d’abord, « nous avons un bon prix sur l’électricité, et surtout avec un contrat à long terme qui fait que nous savons ce que nous devons payer », explique Kristinn Haflidason. Surtout, la centrale géothermique d’Hellisheiði, autour de laquelle le système de Vaxa a été pensé, fournit aussi de la vapeur d’eau et de l'eau froide, deux composants très utiles pour optimiser la production d’algues et refroidir le système.

Grâce à un système de pilotage numérique automatisé et de nombreux échangeurs de chaleur, de l'eau froide vient en permanence évacuer la chaleur produite par la pousse des algues et par les lampes. Crédit photo : Pascal Guittet

L’électricité bas carbone de la centrale permet aussi à Vaxa d’utiliser des lumières LED. Même si cette technologie est économe en électricité, ce choix d'une lumière artificielle reste consommateur d'électrons par rapport à l'utilisation de la lumière naturelle du soleil, que privilégient de nombreux cultivateurs de micro-algues.

En contrepartie, ce choix permet à la start-up de contrôler très finement l’ensemble des paramètres de croissance de ses microalgues, au sein d'un système où interviennent même des algorithmes d'intelligence artificielle. Fonctionnant en boucle fermée, Vaxa Technologies peut par exemple sursaturer son eau en air et en CO2 – la principale nourriture de micro-organismes qu’elle cultive – sans craindre de fuites de carbone.

Superaliments négatifs en carbone

Reste à trouver des débouchés. Les deux microalgues que Vaxa cultive, la nannochloropsis et la spiruline, sont des aliments ultra-protéinés, idéaux pour l’alimentation humaine, vante la pépite. La première, cultivée dans de l’eau salée froide, est source d’oméga 3 et d’acides gras. La seconde, qui est en réalité une cyanobactérie et qui préfère l’eau chaude, comporte de la vitamine B12, du fer, et divers acides aminés. Elle peut aussi servir de colorant bleu naturel, liste Kristinn Haflidason.

Vaxa dispose d'un petit laboratoire adjacent à son site de production, mais la transformation agroalimentaire se fera chez des partenaires. Crédit photo : Pascal Guittet

Malgré ces avantages, « il serait difficile de vendre nos algues sous forme de bouillie verte », reconnaît-il. D’où un travail de l’entreprise – dont le produit final, après séchage, est une solution concentrée à 20% en microalgues – pour trouver des transformateurs agroalimentaires en aval. Au début de l’été, la start-up a lancé une gamme de compléments alimentaires sous le nom Örlö Nutrition. Elle imagine aussi des produits finis, pour par exemple, complémenter en protéines des alternatives sans viande.

Comme une tonne d’algue absorbe à peu près 2 tonnes de CO2 et ne relâche que de l’oxygène, « le procédé de Vaxa est négatif en carbone », vante Kristinn Haflidason. Mieux : « Si nos protéines sont utilisées pour remplacer de la viande de boeuf, qui émet énormément de CO2 [entre 10 et 50 tonnes par tonnes de viande, ndlr], elles deviennent un facteur très important de réduction des émissions », s’enthousiasme l’entrepreneur. Avis à l'imagination des cuisiniers.

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