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Tuesday, November 1, 2022

Les nouvelles technologies révolutionnent le monde, mais est-ce ce dont le monde a besoin ? - lalibre.be

Il n’est plus possible d’en douter : nous vivons désormais dans le monde de demain. Nos intelligences artificielles imaginent des œuvres d’art inédites, nos chirurgiens peuvent opérer à 5 000 kilomètres de distance, nos cours peuvent se donner dans une agora grecque antique du métavers.

Cependant, au sein de notre société, il semble difficile de déterminer si ce monde de demain est souhaitable ou pas. D’un côté, un camp pense que les nouvelles technologies vont mener la société vers un âge de prospérité et d’abondance. De l’autre, ces mêmes technologies sont perçues comme des risques d’aliénation qui vont nous mener vers l’effondrement. Pourtant, quiconque a suivi un cours d’initiation au génie logiciel est capable de voir que ce dilemme n’en est pas un et que cette question est, au fond, mal posée. Peu connu du grand public, ce terme de génie logiciel désigne l’ensemble des méthodes de travail et les bonnes pratiques des ingénieurs qui développent des logiciels. À l’opposé du mythe des deux codeurs/prodiges révolutionnant le monde depuis leur garage, cette discipline en constante évolution depuis les années 70 propose un corpus de connaissances permettant à des équipes d’informaticiens aux profils variés (du plus technique au plus managérial) de se comprendre, de collaborer et de construire des systèmes informatiques fiables et satisfaisants.

Et lorsqu’on découvre le génie logiciel, on tombe invariablement sur un des principes fondamentaux parmi les 7 énoncés par David Hooker en 1996 : se rappeler pourquoi on fait ce qu’on fait. Ce principe va même plus loin en nous définissant ce "pourquoi" : pour fournir de la valeur à qui utilisera le système développé.

Créer de la valeur

Créer de la valeur pour un utilisateur, c’est avant tout se pencher sur ses besoins. Ainsi, l’essence du génie logiciel est la résolution de problème : une personne ou une organisation rencontre des problèmes organisationnels ou logistiques et les ingénieurs logiciels vont analyser ce problème, cerner les besoins et proposer une solution logicielle (un système informatique) répondant complètement (ou en partie) au problème.

À l’inverse, créer des besoins ne génère de la valeur que pour celui qui a quelque chose à vendre. Cela peut même mener à une perte de valeur pour l’utilisateur. Prenons l’exemple du shopping dans un supermarché… dans le métavers ! Equipé de son casque de réalité virtuelle et d’une manette émulant assez pauvrement l’expérience d’un membre préhensile, l’utilisateur peut attraper des produits, les manipuler et les jeter dans sa charrette virtuelle. Si cette expérience semble ludique et innovante à première vue, l’illusion d’une proposition de valeur pour l’utilisateur s’effondre rapidement si on la confronte aux besoins réels d’une personne en train de faire des achats en ligne : accéder rapidement à l’information, pouvoir s’interrompre et reprendre le shopping facilement, ajouter un article à son panier au moment où on se rend compte qu’il est manquant dans l’armoire, etc.

Entre technolâtre et technophobe

Cela ne signifie aucunement que la réalité virtuelle est intrinsèquement mauvaise ou inutile. Cela signifie simplement que ce cas d’utilisation particulier n’apporte aucune valeur ajoutée à l’utilisateur parce qu’il n’est pas en alignement avec ses besoins réels. Ainsi, quelque part, entre la posture de technolâtre et celle de technophobe, il existe une position plus harmonieuse qui envisage les technologies de l’information comme un moyen d’améliorer notre société, nos entreprises et notre quotidien. Mais maintenir cette position n’est possible qu’à la condition de reconnaître que le numérique n’est pas une fin. Si l’apparition d’une nouvelle technologie a toujours un côté exaltant qui stimule l’imagination et fait naître une infinité de possibles, filtrer ces possibles pour ne garder que ceux qui en valent vraiment la peine est crucial. Et pour cela, il suffit en fin de compte de garder à l’esprit un principe simple énoncé en 1996 : se rappeler pourquoi on fait ce qu’on fait.

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