Ils se disent « méprisés », « indignés »… Les professeurs de technologie ont appris, en janvier, par une annonce du ministère de l’éducation nationale, que le bloc « sciences » qui regroupait, en classe de 6e, la physique-chimie, les sciences de la vie et de la terre (SVT) et la technologie allait être reconfiguré. Concrètement, la technologie ne sera désormais plus étudiée qu’à partir de la 5e pour permettre aux élèves de 6e de suivre des cours de soutien en mathématiques et en français. « Une décision injuste et brutale » : la même formule revient chez plusieurs professeurs de technologie interrogés.
« Je me suis pris une claque, je ne m’y attendais pas du tout, évoque Florian Raffin, professeur de technologie dans un collège de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Ce qu’on retient, c’est que nous sommes une matière jugée pas indispensable, secondaire. » S’il reconnaît l’importance de renforcer les enseignements de français et de mathématiques, la solution, elle, lui semble incohérente. « Nous ne sommes pas responsables du niveau avec lequel les élèves arrivent en 6e, il aurait fallu mettre davantage de moyens sur le primaire. »
« Je faisais presque toutes mes heures auprès des 6es, j’aimais leur faire découvrir cette discipline, je suis vraiment écœuré, confie André (les personnes citées par leur seul prénom ont requis l’anonymat), professeur dans un collège de Cergy (Val-d’Oise). Ils sont curieux, c’est une matière assez nouvelle et c’est l’âge où s’éveillent les premières vocations. »
« C’est un plan social »
Pour les professeurs, un sentiment d’injustice domine. « Je me suis tout de suite demandé pourquoi ne pas fragmenter le bloc sciences avec une heure pour la SVT, une pour la physique-chimie et une pour la technologie », rapporte Patrick Richard, professeur au collège Emmanuel-de-Martonne, à Laval, qui regrette cette « hiérarchisation entre les disciplines ». Jusque-là, chaque établissement était libre de répartir les quatre heures du bloc sciences entre les trois matières.
Selon les établissements, les cours de technologie, dans lesquels les élèves apprennent notamment la prise en main d’un ordinateur (mot de passe, traitement de texte, recherches sur Internet…), oscillaient donc entre une heure et deux heures par semaine. « Une perte horaire importante pour ses professeurs qui devront parfois trouver un complément de service dans un autre établissement », explique Fabrice Cizeron, professeur au collège de Montalieu-Vercieu (Isère) et membre du bureau de l’Association nationale pour l’enseignement de la technologie (Assetec). Lui sera contraint, à la rentrée 2023, de donner des cours dans un second collège, à une heure de son domicile. André, à Cergy, ne sait pas encore où il effectuera le reste de ses heures.
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Les profs de technologie indignés et inquiets après la suppression de leur matière en 6ᵉ - Le Monde
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