Il s’agissait de l’annonce Tech de la semaine, Apple a présenté le Vision pro, son futur casque de réalité mixte. Un casque considéré comme une grande avancée depuis la création de l’Apple Watch. Et pour y arriver, Apple a pu compter sur un partenaire de choix, la société Unity Technologies. Cette présentation, Manuel Sainsily, senior advocate en AI et XR (intelligence artificielle et réalité étendue), autrement dit expert en technologies émergentes, l’attendait de pied ferme.
Celui qui se dit « caribéano futuriste » considère « explorer le futur » avec « une lentille axée » sur ses origines caribéennes. Une vocation qu’il a développée après des études d’informatique qui ont débuté en Guadeloupe et en se spécialisant petit à petit dans le design plutôt que dans le développement informatique. Sans doute une influence venue de ses parents artistes, car Manuel est devenu, lui aussi, un artiste à part entière. C’est d’ailleurs d’abord à travers son art qu’il essaie de capter l’attention de son public dans le but de le sensibiliser aux nouvelles technologies.
Car en plus de son travail à temps plein à Unity, Manuel Sainsily se donne pour mission d’éduquer et d’informer les gens : « J’essaie d’utiliser mon art pour faire que la technologie soit plus facile à comprendre », affirme-t-il.
Mais que veut dire caribéano futuriste ?
Pour Manuel Sainsily, c’est effectivement un terme une peu « abstrait » résultant d’un mélange de plusieurs métiers. On y trouve donc sa casquette d’experte en technologies émergentes, où il peut aussi bien être amené à améliorer l’expérience des utilisateurs, qu’à défendre les intérêts d’une entreprise qui revendique une technologie. Tout comme il peut être de bons conseils sur les questions d’éthiques de ces nouvelles technologies. Sans oublier son art, et ses compétences en storytelling où l’on retrouve là aussi ses origines caribéennes et pas uniquement africaines, comme le sous-entend l’afro futurisme. Selon Manuel Sainsily, le caribéano futurisme intègre aussi les influences indiennes, latines, et arabes en plus des influences africaines.
Si je vais travailler demain, par exemple, pour Meta, et Meta m'appelle et me dit « Manu, on a besoin de toi dans notre bureau pour penser au futur de la réalité virtuelle », je vais venir, mais je vais mettre un chapeau éthique de « OK, est-ce qu'il y a des femmes dans votre board d'exécutifs ? Est-ce qu'il y a des hommes noirs ? Est-ce que vous réfléchissez à l'impact de vos technologies sur les populations immigrantes ou sur les populations minoritaires ? Est-ce que dans l'utilisation de vos logiciels, AI ou VR on va avoir de l'élitisme au niveau de la société par rapport aux différents backgrounds des gens ? Je vais venir avec cette lentille-là et essayer de, si tu veux, être un peu la personne qui représente l'ensemble des choses que je représente, que ce soit phénotypiquement, visuellement ou par rapport à ma culture, et poser des questions qui fâchent.
Interrogé sur les dérives liées aux nouvelles technologies, il répond.
Des entreprises de renom
Une expérience et une particularité qui ont jusque-là permis à ce Guadeloupéen de travailler avec des entreprises de renom. Parmi elles, Adobe, IBM, Disney ou encore l’équipe de NBA des Raptors de Tortonto. Manuel Sainsily une de ses expériences au sein d’IBM, première entreprise mondiale en informatique :
J’ai été le fondateur de leur département de réalité mixte au Canada. J’étais extrêmement passionné, j’avais 50 casques de réalité virtuelle à la maison. Ce département a atteint les 200 personnes au bout de 2 ans. Nous avons été approchés par Disney pour Lucasfilm qui produit Star Wars… On a travaillé sur une expérience de réalité virtuelle où R2-D2 s’approchait de toi, tu pouvais lui dire bonjour, lui tenir la main. C’était le début de l’intelligence artificielle avant que les gens ne sachent ce que c’est.
Prendre le tournant au niveau local
À travers son art aussi bien réalisé à l’aide du numérique que de façon plus classique, et avec tous les supports pédagogiques que Manuel Sainsily met à disposition, ce dernier aimerait encourager la population de sa terre natale à prendre le virage des nouvelles technologies. Encore faudrait-il que les décideurs prennent conscience des opportunités que cela pourrait représenter pour nos territoires. « Les collectivités locales ne sont peut-être pas assez éduquées sur le domaine », constate Manuel. Un fait constaté même au niveau national.
Je pense que les collectivités locales n’ont pas encore vraiment compris l’ampleur de l’étendue de la chose. Si c’était le cas, elles investiraient en ce moment sur l’IA en général en créant une formation scolaire locale en Guadeloupe pour que les étudiants qui passent leur bac puissent faire une formation là-dedans.
Une formation qui pourrait être poussée grâce à des partenariats avec des entreprises. Le tout, dans l’optique de pouvoir œuvrer d’ores et déjà sur des problématiques qui nous sont propres, telle que l’écologie par exemple. Car c’est là tout l’avantage de pouvoir s’appuyer sur les nouvelles technologies pour Manuel Sainsily qui n’en oublie pas moins ses valeurs qui reposent essentiellement sur la nature, la culture et la diversité, et bien sûr le futur, comme peuvent en témoigner ses différents travaux.
Manuel Sainsily, de l'art aux technologies émergentes il n'y a qu'un pas - RCI.FM
Read More
No comments:
Post a Comment