Imaginé en 2008 par le développeur Satoshi Nakamoto puis lancé en 2009, le bitcoin est, une décennie à peine après sa création, déjà devenu monnaie officielle d’un Etat: le Salvador. Ce choix, effectué en 2021 par son autoritaire président Nayib Bukele, pourrait bien, contre toute attente, entraîner d’autres pays dans son sillage dans les années à venir, même s’il reste décrié par le FMI.

En effet, le Salvador n’est pas le seul Etat à remettre en question l’hégémonie du dollar américain afin de s’émanciper de l’influence des Etats-Unis : les nations de l’alliance Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) discutent en effet de l’utilisation d’une nouvelle devise, et potentiellement d’une cryptomonnaie, pour sceller les règlements internationaux. En Afrique aussi, le bitcoin émerge comme une alternative crédible: en 2022, la République centrafricaine a suivi les pas du Salvador en déclarant légale la plus vieille des cryptomonnaies.

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Pour autant, en France et en Europe, dans un Etat et une union où la confiance dans la monnaie commune reste forte, le bitcoin comme moyen de transaction principal ne sera sans doute pas à l’ordre du jour en 2035. En revanche, c’est bien la technologie sous-jacente des cryptomonnaies, la blockchain, qui pourrait prendre «une place très importante dans notre quotidien», prédit Stéphanie Zolesio, PDG de Casino Immobilier&Fintech, filiale du groupe Casino – qui centralise l’ensemble des essais sur les technologies du Web3, un vrai enjeu pour le groupe.

Qu’est-ce que le Web3? Le terme définit une nouvelle conception d’Internet, en réponse à l’actuel dispositif contrôlé par les Gafam. Cet Internet s’appuie en grande partie sur la technologie à la base du bitcoin: la blockchain, donc, un réseau non gouverné par une instance particulière, plus sécurisé et sur lequel il est possible d’enregistrer des données. Pour la cadre de Casino Immobilier, il s’agit d’une «technologie qui va révolutionner les usages, sans même que l’individu ne le réalise».

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Des diplômes sous forme de NFT à l'essai à l'université de Lille

Les possibilités offertes par la blockchain sont en effet multiples et transversales. C’est notamment sur ce type de réseaux que sont émis les JNF, les jetons non fongibles. Plus connus sous l’acronyme NFT (non-fungible token), le plus souvent illustrés sous la forme d’avatars de singes (les fameux Bored Ape Yacht Club, dont les prix peuvent atteindre des centaines de milliers de dollars), ils sont souvent décriés pour la spéculation qui les entoure. Une hérésie pour beaucoup, qui ne doit néanmoins pas faire oublier les nombreux autres usages de cette technologie.

En effet, un NFT n’est rien d’autre qu’une plaque d’immatriculation en version numérique utilisée pour définir précisément un objet. Ses formes les plus courantes sont aujourd’hui des avatars pour les réseaux sociaux ou les jeux vidéo, des vêtements virtuels ou des cartes de jeu, mais demain, cette technologie pourrait bien s’appliquer aux documents officiels: diplôme (déjà à l’essai à l’université de Lille ou à celle de Paris Dauphine), permis de conduire, carte grise ou passeport. En France, les commissaires-priseurs de Paris l’utilisent déjà pour certifier des objets aux enchères. Pour le cabinet PwC, ce marché du document sur blockchain pèsera d’ailleurs plus de 200 milliards de dollars dans le monde en 2030, et plus de 8 milliards pour le seul territoire français.

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Le secteur immobilier n’est pas en reste: plusieurs entreprises travaillent déjà sur la représentation de titres immobiliers par des jetons numériques, de façon à faciliter les transactions, ou encore pour en fractionner la propriété. «Derrière le mot NFT, les gens imaginent une image à collectionner un peu inutile. Or, un NFT n'est ni plus ni moins qu'un objet numérique qui est associé à du contenu, figé ou évolutif, virtuel ou physique. Cela peut ainsi être une clé d'accès à une location, virtuelle ou physique, comme à une salle de concert ou à un match de foot, ou encore à des récompenses, des réductions en magasin, par exemple. L'avantage d'un NFT, c’est que, à la différence d’un simple code, nous avons l'assurance de son authenticité», confirme Stéphanie Zolesio.

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A l’horizon 2035, on attend le jeton numérique dans un autre contexte: celui de la gouvernance. En effet, l’avènement de la blockchain s’est accompagné de la naissance d’une nouvelle forme d’organisation, nommée DAO (organisation autonome décentralisée): des entités dirigées par des communautés virtuelles, réunies par la propriété commune d’un NFT ou d’une cryptomonnaie. Une sorte de coopérative numérique, finalement guère différente des «socios», à la fois supporters et propriétaires du FC Barcelone. La différence la plus notable est qu’ici la carte de membre repose sur la blockchain.

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Grâce à elle, les votes s’effectuent en ligne, sont infalsifiables et vérifiables par tout un chacun. ConstitutionDAO, une des plus illustres DAO, a failli marquer l’histoire en réunissant plus de 45 millions de dollars pour tenter, en vain, d’acheter aux enchères l’une des treize copies de la Constitution américaine. De Hong Kong, Yat Siu, le fondateur du conglomérat technologique Animoca Brands, confie à Capital sa conviction qu’«il s’agit d’un modèle vertueux, qui incite l’ensemble des parties prenantes d’un projet à contribuer à son bon développement: c’est un capitalisme de la valeur partagée». Son entreprise a elle-même investi dans de nombreuses DAO. D’après lui, ce type d’organisation prendra une place plus importante au sein des institutions: «Cela peut ramener du sens au concept de démocratie, aujourd’hui de plus en plus ébranlé.»

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En France, L’Oréal a emboîté le pas en créant Gorjs, une DAO consacrée aux créateurs du secteur de la beauté et gouvernée par sa communauté: ils votent sur la blockchain en faveur d'artistes spécialisés dans le numérique, pour acheter des maquillages virtuels pour les avatars, par exemple. Dans le sport, certaines de ces organisations décentralisées aspirent à racheter des clubs: c’est le cas de Krause House DAO, proche de devenir actionnaire minoritaire du club de basket NBA des Phoenix Suns (dont la valeur dépasse les 2 milliards d’euros).

Des métavers aussi multiples que nos besoins, usages et envies

Au regard de la diversité de ces cas d’usage, il est difficile d’imaginer notre avenir sans blockchain, plus concrète que le métavers dont la définition n’est pas encore établie. A l’origine, le terme est issu de l’imagination de l’auteur Neal Stephenson dans son roman «Snow Crash»: il décrit un monde numérique en 3D, parallèle au monde réel, au sein duquel les avatars des protagonistes interagissent avec l’intelligence artificielle. Un concept dupliqué à plusieurs reprises au cinéma – dès les années 1980 avec «Tron», puis avec la trilogie «Matrix» ou, plus récemment, «Ready Player Me» – et qui n’est pas sans avoir inspiré Mark Zuckerberg, patron de l’ex-Facebook devenu Meta.

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Néanmoins, cette vision d’un métavers unique et complètement immersif ne fait pas l’unanimité; au contraire, beaucoup estiment que le mot recouvre une dimension plus concrète et finalement proche de notre Internet, soit une multitude de plateformes de contenu, interactives, qui ne nécessitent pas obligatoirement l’emploi d’accessoires connectés. «Il y aura des milliers de métavers, selon les affinités des utilisateurs», estime Yat Siu, approuvé par Stéphanie Zolesio, selon laquelle «il y aura probablement autant de formes de métavers que de besoins, d'usages et d'envies, de la même façon qu'il y a une multitude de formats de magasins, de blogs, de sites Internet ou de réseaux sociaux. Snapchat, TikTok et Facebook cohabitent très bien.

De la même façon, on aura des plateformes et des métavers très différents, avec de la réalité augmentée, de l'intelligence artificielle. Les technologies sont multiples et vont s'interpénétrer». Une place dans notre quotidien importante, donc, ce qui explique l’estimation par le cabinet de conseil McKinsey d’un marché mondial de 4000 à 5000 milliards de dollars d’ici à 2030, soit à peine 20% de moins que le marché représenté par Internet aujourd’hui.

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Loin d’être convaincu par la vision d’«un avenir où nous sommes tous cachés derrière des casques de réalité virtuelle», Clément Foucher, jeune patron de Metav.rs (start-up de création pour les entreprises de sites commerciaux immersifs), évoque, lui, «un quotidien dont le déroulement se fera bien dans des environnements physiques, mais augmentés par des visualisations virtuelles, au même titre que nous utilisons aujourd'hui Internet dans l'ensemble de nos activités». L’achat du casque de réalité virtuelle d’Apple à 3.499 euros peut donc encore patienter…

Un marché du web 3 en plein boom

  • 5.000 milliards de dollars : le marché du métavers.
  • 200 milliards de dollars : le marché du document d’identité sur blockchain.
  • 1 milliard d’utilisateurs de crypto-monnaie.

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