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Monday, August 7, 2023

Entre art et technologie, une plongée virtuelle dans les « Mémoires de Royan » - Sud Ouest

Depuis le toit de l’église Notre-Dame, on domine Royan. Ce point de vue ne s’offre qu’à de rares privilégiés. Grâce à l’exposition « Les mémoires de Royan », Captures en fait le cadeau à ses visiteurs. La « magie » de la réalité virtuelle permet ce prodige. L’expérience va plus loin. Casque sur les yeux, dans un espace suffisamment vaste, le visiteur pénètre même littéralement des bulles tout aussi virtuelles, le projetant à l’intérieur du marché central, à Foncillon, devant le Palais des congrès réhabilité, ou encore sur le parvis de la gare. Un bond dans...

Depuis le toit de l’église Notre-Dame, on domine Royan. Ce point de vue ne s’offre qu’à de rares privilégiés. Grâce à l’exposition « Les mémoires de Royan », Captures en fait le cadeau à ses visiteurs. La « magie » de la réalité virtuelle permet ce prodige. L’expérience va plus loin. Casque sur les yeux, dans un espace suffisamment vaste, le visiteur pénètre même littéralement des bulles tout aussi virtuelles, le projetant à l’intérieur du marché central, à Foncillon, devant le Palais des congrès réhabilité, ou encore sur le parvis de la gare. Un bond dans le passé transporte même dans les mêmes panoramas 78 ans en arrière, dans un Royan éventré par les bombes larguées par dizaines de tonnes, le 5 janvier, puis les 14 et 15 avril 1945.

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Respectivement enseignant-chercheur à l’école des arts de La Sorbonne et enseignant à l’école supérieure de l’image Poitiers-Angoulême, mais « d’abord artistes », Jean-Marie Dallet et Frédéric Curien présentent jusqu’au 3 septembre à l’Espace d’art contemporain des Voûtes du Port une exposition hybride. « Les mémoires de Royan » se posent à la croisée de l’attachement nostalgique aux images du Royan d’avant, du questionnement sur la notion d’archives, ici photographiques, sur la place de la technologie dans le partage de ce bien commun, sur les manières de les présenter au grand public.

Scénographie immersive

Dans un espace d’art contemporain encore une fois métamorphosé par la scénographie imaginée par le commissaire de l’exposition, Frédéric Lemaigre, des images du Royan de la fin du XIXe siècle à l’après-guerre se dévoilent sous plusieurs formes. Une collection de cartes postales accueille ainsi le visiteur. Frédéric Lemaigre ne se lasse pas de ces trésors, souvenirs autant d’une Côte d'Argent d’un autre temps, mais aussi objets d’art, « d’une qualité qu’on ne voit plus aujourd’hui dans ce domaine ».

De manière aléatoire, de courtes séquences de films de vacances se déclenchent. Un autre biais pour partager avec le public des archives auquel il a rarement accès.
De manière aléatoire, de courtes séquences de films de vacances se déclenchent. Un autre biais pour partager avec le public des archives auquel il a rarement accès.

Captures

Tout à leur intention de « laisser le spectateur, de manière active, investir l’image », Frédéric Curien et Jean-Marie Dallet ont imaginé plusieurs « pièces ». Un kaléidoscope de courts films amateurs, farandole de fragments de souvenirs familiaux alternés aléatoirement. Dans l’espace voisin, la pièce « Punctum » immerge le visiteur dans les photographies qui s’enchaînent, partant d’un détail pour élargir le point de vue à la scène entière. Troublant, hypnotisant.

Une visite accompagnée

L’immersion dans ces « Mémoires de Royan » respecte une progression. Moins chronologique que technologique. Une autre création en réalité virtuelle immerge à ce point le visiteur dans l’image qu’il peut en être physiquement ébranlé. Les bras protecteurs des jeunes médiateurs accompagnant le flot de visiteurs ne sont jamais loin. Car cette exposition nécessite la présence de Théo, Paul, Charlie, Katiana et Evan, qu’un partenariat entre Captures et la Mission locale a transformé en guides culturels le temps d’un été.

L’exposition offre une approche sensible de la mémoire de la ville, par les sens, par l’affect

Trois médiateurs sont constamment présents à l’espace d’art contemporain. Leur présence apparaissait nécessaire à Frédéric Lemaigre. « Déjà parce que cette exposition revêt une dimension technique, avec le recours aux casques de réalité virtuelle, mais aussi pour donner des éléments de contexte aux visiteurs. Il est intéressant d’ailleurs de voir comment le discours des médiateurs évolue, en se nourrissant des souvenirs de certains visiteurs. »

En famille

« Mon école », répond dans un sourire Charlie, quand un visiteur identifie l’école Louis-Bouchet depuis le toit de Notre-Dame. « Moi qui suis né à Royan, l’histoire de la ville, on me la raconte depuis tout petit. J’avais une petite base, en commençant ce travail de médiation, mais cette base s’est enrichie d’anecdotes rapportées par les visiteurs. »

Le visiteur a le privilège, rare, de « monter » sur le toit de l’église Notre-Dame, d’où il domine la ville et se transporte en différents points.
Le visiteur a le privilège, rare, de « monter » sur le toit de l’église Notre-Dame, d’où il domine la ville et se transporte en différents points.

Captures

« Les mémoires de Royan » rencontrent depuis début juillet un succès qui a presque pris de court Frédéric Lemaigre. L’audience dépasse le seul cercle des locaux. Surtout, « Les mémoires de Royan » se vivent en famille. « Chacun y trouve son compte. Les plus jeunes, évidemment, sont attirés par la dimension technologique. Les parents, les grands-parents s’arrêtent davantage sur le riche fond de cartes postales issu du Musée de Royan et d’autres collections. Cette exposition est complémentaire de ce que présente le centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine. Là où le CIAP a une approche plus scientifique, dirais-je, du patrimoine, l’exposition offre une approche sensible, par les sens, par l’affect, d’un même sujet : la mémoire de la ville. » « Mémoires » avec un « s », même, pour la pluralité des biais par lesquels Frédéric Curien et Jean-Marie Dallet ont utilisé les archives à leur disposition « comme un sculpteur utiliserait l’argile ».

Exposition à découvrir tous les jours, sauf le mardi, aux Voûtes du Port, quai Amiral-Meyer, de 14 à 19 heures. Entrée libre.

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