L’édition du soir monte dans la machine à voyager dans le temps, direction 2033. Un monde qui pourrait être sans smartphone, mais avec des robots et des intelligences artificielles plus performantes. Suivez le guide.Depuis dix ans, l’édition du soir d’Ouest-France raconte le monde et ses tendances. Pour son anniversaire, elle va encore plus loin. Elle propose carrément d’aller regarder dans le futur. Montez dans la machine à voyager dans le temps, accrochez vos ceintures, vous voici en 2033.
Premier constat, l’environnement n’est pas si dépaysant. Il y a fort à parier que les outils courants seront ceux qui en sont à leurs balbutiements aujourd’hui. « Dix ans, ce n’est pas énorme, assure Jérôme Colombain, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies et créateur du podcast Monde numérique. Rien n’apparaît sans fondement. Ce qui est au cœur de nos vies aujourd’hui existait déjà il y a dix ans : les smartphones, les réseaux sociaux… »
L’intelligence artificielle sera partout
Sujet déjà contemporain, l’intelligence artificielle (IA) va progresser considérablement en dix ans. Il y a de grandes chances qu’elle s’impose dans de nombreux domaines. « La perspective serait d’avoir une intelligence artificielle générale, qui ne serait plus focalisée sur un usage, mais qui ferait du texte, de l’image, parlerait… Surtout, elle permettrait d’aller vers du décisionnel », anticipe le journaliste spécialisé. Il imagine par exemple que du capital pourra être confié à une IA qui le fera fructifier et sera même capable de passer des coups de fil, sans jamais perdre son calme ou son sang-froid.
Dans la santé, des perspectives sont également ouvertes : « Grâce aux données, l’IA pourra diagnostiquer et prescrire des traitements. Ce sera formidable », se réjouit-il. La numéricienne Aurélie Jean affirme que certaines tâches pourront être confiées à l’IA, mais que celle-ci ne devrait pas menacer les métiers. Elle évoque l’exemple des radiologues, qui pourraient lire moins de clichés pour se consacrer à d’autres tâches plus techniques, comme les biopsies.
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Dans le monde de l’information, l’Intelligence artificielle sera aussi incontournable. Des sites internet, dont les contenus seront générés sans intervention humaine ou presque, « vont venir polluer notre monde », alerte Danny Lein, P-Dg de la société Twipe Digital Publishing, qui crée des logiciels spécialisés pour des médias. « L’information produite par un média de qualité va être une valeur refuge », prédit Maud Lévrier, membre du directoire d’Ouest-France, qui y voit une opportunité. « Le journalisme est un métier d’avenir », abonde Aurélie Jean.
Enfin des robots
La science-fiction n’a eu de cesse d’imaginer une vie avec des robots aux apparences humaines. Pour Jérôme Colombain, cette époque va arriver. « Ça y est, nous sommes arrivés dans l’ère des robots humanoïdes, annonce-t-il. Amazon vient d’équiper certains de ses entrepôts, Tesla en prépare un… En 2030, nous en aurons y compris dans les maisons. »
Les modèles miniatures devraient également devenir réalité. « Les nanorobots peuvent se démocratiser dans le domaine militaire, notamment avec des trucs qui font la taille d’une mouche et qui peuvent aller partout », poursuit le journaliste. Ces nanotechnologies offrent aussi des perspectives dans le domaine de la santé. « Aujourd’hui, on fait des opérations du cœur sans l’ouvrir. Demain, nous enverrons des robots. »
La fin du smartphone ?
Il nous accompagne partout, est presque greffé à nos mains et le perdre est une catastrophe. Le smartphone pourrait toutefois disparaître aussi vite qu’il s’est imposé. C’est en tout cas ce que prédit le créateur du podcast Monde numérique. Pour lui, de nouveaux objets vont le ringardiser et il parie notamment sur les lunettes, malgré l’échec des Google Glass : « En toute logique, l’ère du post-smartphone va aller vers des appareils qui se portent. Les lunettes, c’est facile à porter. C’est devant les yeux et pas loin des oreilles. » Reste encore à les miniaturiser pour les alléger.
Ray Kurzweil, futurologue, interrogé en 2013 par le magazine américain Forbes sur l’horizon 2033, faisait déjà la même prédiction : « L’écran virtuel pourra remplacer entièrement votre champ de vision réel, vous plaçant dans un environnement virtuel totalement convaincant et totalement immersif. »
Le bureau dans le multiverse
Le multiverse est un sujet qui divise. Ces univers virtuels ou semi-virtuels sont l’avenir pour les uns, déjà à ranger au placard pour les autres. Jérôme Colombain pense qu’ils vont au moins s’imposer dans le monde professionnel. « J’y crois. Il y a des vrais besoins, constate-t-il. On voit, aujourd’hui, la place qu’a prise la visio. Ce n’est pas très convivial. Le multiverse devrait permettre de fluidifier le travail en commun. » Le journaliste spécialisé cite notamment le bureau spatial développé par Apple. La firme à la pomme utilise la réalité virtuelle pour plonger l’utilisateur dans un environnement spacieux et doté de plusieurs grands écrans. Un contre-pied au télétravail sur la table de la cuisine.
Des maisons pas si connectées ?
Automatisation, domotique, appareils connectés… L’élan semble donné, mais il pourrait ne pas être aussi général qu’annoncé. « Il faut prendre en compte l’impact environnemental pour la fabrication. Aussi, ça élargit la surface d’attaque pour la cybercriminalité », note Jérôme Colombain.
De nouveaux véhicules
Le tout électrique est engagé. Mais les véhicules de demain seront-ils autonomes ? Chris Buchbinder, gérant de portefeuille d’actions chez Capital Group, qui s’est prêté à un exercice de prospective, en est persuadé. « En 2030, nous aurons déployé des parcs de véhicules électriques autonomes dans la plupart des moyennes et grandes villes. Un véhicule personnel ne sera plus nécessaire comme principal moyen de transport, mais un luxe », annonce-t-il. Pour cela, il faudra parvenir à dompter l’indiscipline et les comportements imprévisibles en agglomération. « Nous sommes à un palier. La première partie a été rapide, mais faire circuler un robot en ville, où c’est l’anarchie, reste compliqué. L’humain arrive à s’adapter, mais la machine pas encore », prévient Jérôme Colombain.
Luc Julia, le directeur scientifique du groupe Renault, pose les mêmes limites. « La voiture autonome de niveau 5, capable d’aller partout sans intervention, n’existera jamais, juge-t-il. Aujourd’hui, nous sommes à peine au niveau 3. C’est-à-dire que les voitures peuvent naviguer sur autoroute, à vitesse limitée. » Le créateur de l’outil Siri sur les iPhone estime qu’il est plus réaliste de viser le niveau en dessous. « Nous n’aurons peut-être pas besoin de volant, mais nous aurons besoin d’intervention humaine », est-il persuadé.
Quant aux voitures volantes, elles sont déjà en développement. « En Chine, ils viennent d’autoriser l’exploitation de taxis volants. Pour l’instant, il s’agit de petits véhicules électriques, pour du taxi pour les plus fortunés. J’espère que nous pourrons aussi les utiliser pour les services d’urgence », anticipe le Jérôme Colombain.
L’homme pourra être augmenté
Les technologies sont de plus en plus mûres. Plusieurs personnes ont déjà retrouvé l’usage partiel de la voix, grâce à des implants. Des exosquelettes peuvent aider à marcher. Reste à rendre ces solutions plus abordables. « Le défi, c’est que ce soit plus facile d’accès au plus grand nombre », présente le créateur du podcast Monde numérique.
Il n’y aura presque plus d’argent liquide
Pas de liquide, pas de problème. En 2033, ce mode de paiement devrait avoir pratiquement disparu. « Les paiements numériques seront la norme », assure Jody Jonsson, gérante de portefeuille d’actions chez Capital Group. Ce remplacement est déjà en marche. Dans certains pays comme la Chine, le paiement mobile a déjà pris beaucoup de place.
Voici les technologies que nous utiliserons dans dix ans - Edition du soir Ouest-France - 08/11/2023 - L'édition du soir
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