Dis moi combien tu déposes de brevets technologiques, je te dirai quel est ton niveau de développement économique et industriel. La Fabrique de l’industrie, un think tank proche du patronat, s’est penchée dans une note sur la bataille mondiale pour la maîtrise des technologies de demain, par le biais du nombre de brevets déposés par chaque pays.
Et sa conclusion n’est guère encourageante pour la France, au moment où Emmanuel Macron s’est félicité, lundi 11 décembre à Toulouse, du bilan du plan « France 2030 », qui fête ses 2 ans, et souhaite investir davantage dans les technologies innovantes.
Le laboratoire d’idées a analysé les brevets déposés au cours des dernières années par les pays dans le cadre de douze domaines technologiques dits « de rupture » – c’est-à-dire dont l’innovation bouleverse les usages et crée de nouveaux marchés – dont huit participent à la transition écologique. Parmi celles qui ont été retenues : l’hydrogène pour les transports, les batteries de véhicules électriques, le photovoltaïque, l’acier bas carbone, le recyclage du plastique, la nanoélectronique, l’éolienne en mer ou l’ordinateur quantique…
« Entre l’Asie et les Etats-Unis, l’innovation mondiale enjambe l’Europe » et particulièrement la France, écrit Vincent Charlet, délégué général de La Fabrique de l’industrie et coauteur de la note avec Sonia Bellit, docteure en sciences économiques, spécialiste des politiques industrielles. Les pays européens accusent en effet un retard important par rapport aux Américains et aux puissances asiatiques. Les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Corée du Sud figurent systématiquement parmi les quatre pays qui ont déposé le plus grand nombre de brevets dans les douze technologies examinées.
La France « ne joue aucun rôle significatif »
Dans quatre domaines seulement, l’Union européenne (UE) monte sur la première marche du podium : les éoliennes en mer, le recyclage plastique, l’acier bas carbone et le traitement des métaux rares. Mais ce leadership s’explique en grande partie par celui de l’Allemagne et non de la France qui « ne joue aucun rôle significatif ». Quant à la Corée du Sud ou au Japon, ils font souvent jeu égal avec l’UE dans toute sa globalité.
L’étude met également en évidence que la majorité des brevets sont déposés par des entreprises privées, hormis en France où les laboratoires publics – comme le CNRS ou le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives – sont plus actifs. Une primauté qui s’explique en partie, selon les auteurs, par la désindustrialisation plus importante du pays au cours des quatre dernières décennies. De même, contrairement aux idées reçues, les start-up sont rarement motrices dans l’émergence des innovations de rupture, davantage développées par les grands groupes industriels.
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En retard sur certains dépôts de brevets, la France décroche dans l'innovation technologique mondiale - Le Monde
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