Publié le 8 janv. 2024 à 7:31Mis à jour le 8 janv. 2024 à 9:29
En quoi l'innovation constitue-t-elle la pierre angulaire du changement d'échelle de l'économie circulaire ?
L'urgence climatique et environnementale, la pression sur les ressources naturelles ou encore les enjeux sanitaires croissants montrent que nous sommes au bout d'un modèle : le « business as usual » arrive à essoufflement. C'est notamment dans l'innovation que se trouvent les solutions et réponses à des problématiques de grande ampleur. Néanmoins, l'innovation suppose des changements à tous les niveaux.
Passer du linéaire au circulaire nécessite de transformer son offre , d'investir dans un nouvel outil de production, d'adapter le parcours du client, et de faire évoluer la coopération des parties prenantes au sein de leur écosystème, jusqu'alors assez cloisonnée.
Dans quelle mesure les nouvelles technologies ouvrent-elles le champ des possibles ?
L'innovation technologique permet d'optimiser nombre de processus dans la chaîne d'approvisionnement, la traçabilité des matériaux, la gestion des déchets … Il est question d'IoT(Internet des objets), avec des poubelles connectées permettant de calculer le taux de remplissage et d'optimiser les tournées de collecte. Côté tri, l'intelligence artificielle permet la reconnaissance des déchets, pour mieux les séparer ou détecter ceux qui ne sont pas conformes comme le font les start-up Greyparrot, Ficha ou encore Lixo.
La technologie peut aussi faciliter la sensibilisation et la compréhension des consommateurs, comme, Trizzy, un assistant chatbot zéro déchet, ou encore le Guide du tri, l'appli de Citeo qui délivre des règles de tri et les points de collecte de manière géolocalisée. Sans oublier que l'innovation technologique peut simplifier le r etour du vrac et de la consigne pour réemploi , avec des solutions répondant aux besoins des industriels comme des consommateurs. Il est cependant nécessaire d'être vigilant sur les impacts de ces solutions et de challenger le recours automatique à la technologie.
Quelles sont les innovations qui ne sont pas nécessairement assorties d'un volet numérique ?
Parfois, l'innovation relève davantage de la technique que de la technologie, par exemple quand il s'agit d' écoconception et d'écomatériaux. L'innovation peut être aussi économique, en ajoutant la circularité au modèle, passer par exemple du produit au service, comme l'a fait Michelin avec la location de pneus. La transformation de l'usage constitue, elle aussi, une innovation de taille, en repensant l'offre pour y intégrer davantage de réemploi.
L'innovation technologique permet d'optimiser nombre de processus dans la chaîne d'approvisionnement, la traçabilité des matériaux, la gestion des déchets…
L'exemple de Pharma-Recharge, lancé par un consortium de laboratoires, et qui consiste à proposer quinze produits dermo-cosmétiques dans un flacon unique au format standard, illustre cette quête d'innovation dans l'usage et la coopération : dans ce cas précis, cinq groupes ont innové ensemble, avec la jeune pousse Jean Bouteille , à l'origine des fontaines de recharge.
Quelles sont les évolutions de cette collaboration entre différents acteurs ?
La collaboration entre grands groupes et start-up s'apparentait jusqu'alors à une relation client fournisseur, tandis qu'elle est davantage horizontale aujourd'hui et leur permet de s'apporter des bénéfices mutuels. Travailler avec des start-up permet aux grands groupes d'accéder à des ressources complémentaires en vue de répondre aux besoins du marché, avec une offre plus complète.
A l'inverse, ces partenariats sont une occasion pour les start-up de pénétrer plus rapidement le marché. Ainsi, nombreux sont les anciens lauréats et finalistes du Circular Challenge, l'accélérateur de projets à impact de Citeo (lire encadré ci-dessous), à avoir déployé leurs solutions auprès de grandes enseignes. C'est notamment le cas de Pyxo , spécialisé dans le suivi des contenants réemployés, avec Les Halles Metro, ou encore les spécialistes de la consigne Bocoloco, aujourd'hui chez Monoprix.
Quels sont les domaines d'activité qui concentrent le plus d'innovations ?
Le Circular Challenge nous permet d'observer les grandes tendances. Jusqu'alors, les start-up avaient le climat pour boussole. Désormais, elles tendent à adresser de plus en plus les enjeux de la lutte contre les pollutions, au niveau des sols, des océans ou encore de la biodiversité. Illustration avec Vertuoso, qui a conçu une solution d'assainissement des eaux pluviales, en répondant au passage à la problématique des déchets abandonnés. Reste que le réemploi, la conception de biomatériaux et les nouvelles technologies font partie des tendances constantes depuis plusieurs d'années. Cela fait écho à la question de la sobriété, qui doit nous challenger à tous les niveaux.
Le Circular Challenge, accélérateur de projets à impact
Lancé par Citeo, il y a sept ans, le Circular Challenge est un programme d'innovation consacré à l'économie circulaire, complété par un accélérateur de jeunes pousses. Depuis sa création, il a permis l'accompagnement de 68 projets et plus de 500 mises en relation entre start-up et grands groupes. Près de 75 millions d'euros de chiffre d'affaires générés au total. En 2024, sa promotion sera composée de 5 start-up innovantes dans les domaines de l'écoconception, du réemploi, des déchets abandonnés ou encore du tri des déchets. En effet, les lauréats sont Haut la Consigne (qui accompagne les industriels de l'agroalimentaire dans leur transition vers des contenants réemployables), La Tournée (un service de livraison à domicile en emballages consignés), AVEC (des produits de calage en matériaux naturels), Vertuoso (qui a développé un filtre en inox destiné à l'assainissement des eaux de pluie) et Greyparrot (à l'origine d'un système de reconnaissance des déchets par intelligence artificielle).
« Solutions de réemploi, biomatériaux et nouvelles technologies font partie des tendances » - Les Échos
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