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Sunday, July 11, 2021

Bourse, Chine, Didi, Technologies : Quand la Chine s'énervera - Les Échos

Publié le 11 juil. 2021 à 15:25Mis à jour le 11 juil. 2021 à 15:41

Alain Peyrefitte nous avait appris que lorsque la Chine s'éveillerait, le monde tremblerait. Cinquante ans plus tard, un Chinois, le VTCiste Didi, lancé depuis fin juin à la Bourse de New-York, nous enseigne que lorsque la Chine s'énerve, c'est aussi Wall Street qui vacille.

L'affaire Didi, devenue scandale au fil des révélations, jette une nouvelle fois une lumière crue sur l'insidieuse vénalité de la place new-yorkaise et de ses pratiques. Les banquiers en charge de l'opération chez Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley jurent leurs grands dieux qu'ils n'ont accéléré l'un des « road-shows » les plus rapides de l'histoire que pour éviter une collision avec le centième anniversaire du PC chinois, et qu'ils ignoraient les préventions de Pékin. Pendant ce temps-là, Didi donnait l'assurance aux autorités communistes qu'il retenait ses chevaux.

La récolte du groupe de Cheng Wei correspond logiquement au pire des deux mondes : deux procédures collectives d'investisseurs mécontents aux Etats-Unis et l'interdiction de son application en République populaire.

Mais après la suspension par celle-ci de l'introduction d'Ant en novembre - qui n'avait pas empêché les valeurs chinoises de flamber à New-York -, l'amende de 2,8 milliards de dollars infligée en avril à Alibaba, Didi s'impose comme le troisième acte de l'abaissement d'un « rideau de soie » entre marchés de capitaux occidentaux et chinois.

Chez Pictet, Frédéric Rollin y voit l'affirmation par la Chine d'une reconnexion entre sa place financière et ses valeurs technologiques, et aussi une opportunité d'investissement vu leurs multiples bradés.

Une affaire Didi devenue scandale

Plusieurs sénateurs républicains ont demandé aux shérifs de la Securities and Exchange Commission (SEC) d'intervenir dans l'affaire Didi. L'un d'eux, Marco Rubio, a estimé qu'il était « imprudent et irresponsable » d'avoir laissé la société se coter à New-York et lever 4,4 milliards de dollars auprès des investisseurs, malgré ses 60 pages d'avertissements dans son prospectus, dont celui d'un interventionnisme des autorités chinoises.

De son côté, le premier actionnaire de Didi, SoftBank, à travers des « fuites » dans les journaux du week-end, s'est désolidarisé du management du VTCiste en laissant entendre qu'il n'avait pas été tenu au courant des demandes officieuses de Pékin de suspendre le processus de « l'IPO ».

Le holding de Masayoshi Son joue gros non seulement avec ses 21,5 % du capital de Didi, mais aussi son autre grande participation chinoise, ByteDance, la maison mère de TikTok. D'après le site « The Information », SoftBank avait investi 12 milliards de dollars dans Didi, sa participation valant encore 12,5 milliards après la chute de 27 % depuis le plus haut du titre. Didi avait été valorisé 95 milliards lors d'un dernier tour de table non coté, mais seulement à 68 milliards lors de l'introduction à New-York (73 milliards sur une base totalement diluée).

Parmi les banquiers de l'introduction, Morgan Stanley pourrait être le plus gêné par l'affaire Didi. L'un de ses bras de gestion d'actifs, Morgan Stanley IM, avait souscrit à hauteur de 750 millions de dollars à l'opération pour le compte de ses fonds, lesquels sont donc en moins-value potentielle de 14 % sur cet investissement. Le fonds singapourien Temasek avait également investi 500 millions de dollars.

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