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Monday, August 16, 2021

Sur la route des vacances | Technologies HumanWare voit loin depuis 30 ans - La Presse

En roulant sur l’autoroute 20 à la hauteur de Drummondville, les lettres grises et orange de Technologies HumanWare ne donnent aucun indice sur la nature de l’entreprise. Parfois confondue avec des concepteurs de vêtements spécialisés, HumanWare n’habille peut-être pas les humains, mais leur redonne en quelque sorte la vue.

Isabelle Dubé
Isabelle Dubé La Presse

Alors qu’il se préparait à entrer en génie à l’université, le fondateur de HumanWare a été piqué au vif par une copine qui lui a dit que son futur d’ingénieur se résumerait à presser le citron des travailleurs. « À l’époque, j’avais répondu à cette étudiante en sociologie : non, tu vas voir, la technologie peut vraiment aider les gens », se souvient Gilles Pépin.

« Le nom vient d’ailleurs de cette idée de l’humain aidé par du software et du hardware. »

L’ingénieur s’est évertué à suivre cette voie durant toute sa carrière, notamment après avoir été consultant pour l’Institut Nazareth et Louis-Braille qui souhaitait qu’il démarre une entreprise de produits technologiques. « Dans les années 1980, la technologie se développait aux États-Unis, mais il n’y avait rien en français », rappelle Gilles Pépin.

Aujourd’hui, 33 ans plus tard, les appareils développés par HumanWare pour les personnes non voyantes ou en perte de vision liée à l’âge sont plus que jamais à la fine pointe de la technologie et supportent 25 langues.

Que ce soit les loupes électroniques, l’afficheur braille compatible iOS qui, pour les voyants, a l’air d’un simple clavier, mais permet aux non-voyants de prendre des notes, de naviguer sur l’internet ou de se connecter à un ordinateur. Ou encore la tablette électronique BrailleNote Touch plus certifiée par Google et le GPS parlant Victor Reader Trek avec intelligence artificielle.

  • Tablette électronique BrailleNote Touch plus, certifiée par Google

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Tablette électronique BrailleNote Touch plus, certifiée par Google

  • Loupe électronique

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Loupe électronique

  • L’usine de fabrication emploie 60 personnes.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    L’usine de fabrication emploie 60 personnes.

C’est justement à l’aide du GPS parlant que l’employé André Dubois, aveugle depuis l’âge de 16 ans, raconte faire des marches d’une vingtaine de kilomètres à travers la ville. Le GPS lui donne l’adresse la plus proche, décrit la prochaine intersection, dit en tout temps ce qui est autour de lui.

Quand tu marches, tu vas rêvasser un peu. Quand tu es aveugle et que tu te perds dans tes pensées, parfois, tu vas te perdre littéralement. Avec le GPS parlant, tu sais où tu es rendu. Ça a beaucoup développé l’autonomie des piétons.

André Dubois, employé non voyant

« Aux Pays-Bas, l’appareil est même payé par le gouvernement », ajoute le conseiller au soutien technique qui travaille avec grand dévouement chez HumanWare depuis 25 ans.

Alors qu’environ 3 % de la population a des déficiences visuelles, HumanWare s’est donné l’objectif d’avoir au sein de ses équipes de 10 à 15 % d’employés aveugles. L’entreprise embauche aussi des gens qui ont envie de participer à sa mission et de ressentir l’impact réel qu’ils ont dans la vie des clients.

André Dubois doit lui-même beaucoup à l’entreprise, car lors de ses études à l’Université Laval, en 1993, il utilisait une technologie inventée par Gilles Pépin et nommée Iris qui lisait à voix haute des pages de documents.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

André Dubois (à droite) et Gilles Pépin, fondateur

« Il a fait un appareil extraordinaire, se rappelle-t-il. C’était le deuxième système au monde ; le premier était aux États-Unis. »

André Dubois a accompagné Gilles Pépin dans ses escapades autour du monde pour faire connaître les différents produits, qui sont maintenant vendus dans 50 pays. En plus de Drummondville et Longueuil, l’entreprise a des bureaux aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.

Jusqu’à sa fusion avec une entreprise de Nouvelle-Zélande, en 2005, HumanWare s’appelait VisuAide. En 2013, Gilles Pépin a approché Essilor afin d’avoir un canal de distribution pour les produits destinés aux personnes âgées en perte de vision. L’entrepreneur explique que si les gens âgés doivent recevoir en premier lieu un traitement médical, la réadaptation qu’ils font par la suite avec les outils adaptés leur permet de rester indépendants.

« Essilor couvrait 97 % de la population avec ses solutions et je leur ai dit : “vous oubliez les 3 % qui ne peuvent pas être corrigés par des lentilles ophtalmiques” », relate Gilles Pépin, indiquant qu’Essilor est devenue par la suite actionnaire majoritaire.

Au cours des derniers mois, HumanWare a décroché un contrat de 60 millions US avec la Bibliothèque du Congrès, aux États-Unis, pour la livraison de nouveaux lecteurs de livres parlés numériques personnalisés et a signé un partenariat avec Radio France pour rendre ses balados accessibles aux personnes non voyantes ou vivant avec une déficience.

La prochaine année sera riche en développement. HumanWare et l’American Printing House for the Blind (APH) sont en train de développer un appareil révolutionnaire qui permettra aux écoliers de ressentir des images tactiles tout en lisant en braille. L’APH croit que l’impact sera grand chez les enfants vivant dans les milieux défavorisés, car l’appareil donnera un accès rapide et facile aux manuels scolaires récents.

HumanWare

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le siège de l'entreprise, sur le bord de l’autoroute 20 à Drummondville

  • Produit(s) : outils pour personnes non voyantes ou en perte de vision
  • Année de fondation : 1988 (sous le nom de VisuAide)
  • Nombre d’employés dans l’usine : 60 (170 au total dans l’entreprise)
  • Propriétaires : EssilorLuxottica est actionnaire majoritaire depuis 2013
  • Fondateur : Gilles Pépin

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