Tribune. Avec le dérèglement climatique, le dérèglement démocratique est à l’évidence l’une des plus grandes menaces qu’affronte l’humanité. Le réchauffement n’est pas inéluctable ; la destruction des démocraties par les technologies non plus. Dans les deux cas, il convient de traiter les causes plutôt que les symptômes, et de combiner volontarisme politique et mesures structurelles. La différence est que la recherche d’un consensus global, nécessaire pour le climat, laisse la place à un « multilatéralisme des démocraties », s’agissant du « chaos informationnel ».
Il y a des motifs d’espoir. Un sommet ministériel sur l’information et la démocratie doit se réunir vendredi 24 septembre à New York en marge de l’Assemblée des Nations unies. Sous la présidence du ministre Jean-Yves Le Drian, les ministres des affaires étrangères du Partenariat pour l’information et la démocratie (43 pays signataires), le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques, la directrice générale de l’Unesco, la vice-présidente de la Commission européenne, ainsi que des personnalités de la société civile doivent se rencontrer à un haut niveau pour avancer sur la régulation du numérique. C’est l’occasion d’amplifier un processus international engagé il y a trois ans.
Un laboratoire d’idées de la société civile
Les travaux seront centrés sur les rapports produits par le Forum sur l’information et la démocratie, créé en 2019 à l’initiative de Reporters sans frontières (RSF). Laboratoire d’idées de la société civile, le Forum est une institution du XXIe siècle propre à répondre aux défis numériques. Il réunit des spécialistes de la technologie, des juristes du monde entier pour inventer le droit là où il n’existe pas, où il faut l’imaginer, afin de garantir la liberté d’opinion et d’expression et le fonctionnement démocratique. Les bouleversements imposent en effet une révision radicale des systèmes juridiques.
Le Forum a formulé près de 350 recommandations concrètes et précises, dans « Pour en finir avec les “infodémies” » et « Un new deal pour le journalisme ». Par exemple, il y a urgence à obtenir la transparence des algorithmes, beaucoup plus que ne le prévoit le Digital Services Act (DSA) proposé par la Commission européenne. Il y a urgence aussi à mettre en place des garanties pour la modération des contenus, des mesures contre les campagnes de désinformation sur les messageries privées ainsi que des mécanismes pour favoriser la fiabilité de l’information dans l’indexation algorithmique, comme la plate-forme Journalism Trust Initiative (JTI).
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Christophe Deloire : « Le dérèglement démocratique par les technologies n'est pas inéluctable » - Le Monde
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