On se croirait de retour quelques années en arrière quand Julian Assange (Wikileaks) faisait fuiter au compte-goutte des documents sensibles de l'armée américaine sur la manière dont les États-Unis et leurs alliés mènent la guerre en Irak et en Afghanistan.
Autre lanceur d'alerte et autre sujet, mais même méthode : depuis plusieurs semaines, l'ancienne salariée de Facebook Frances Haugen étrille son ex-entreprise à coups de documents internes fournis à la Securities and Exchange Commission (SEC, organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, NDLR). Le tout relayé dans les médias américains.
Face à cette nouvelle vague de critiques, Facebook se défend en rappelant ses investissements conséquents pour assainir ses plateformes, lutter contre les contenus trompeurs, haineux et problématiques et soutenir le processus démocratique, y compris dans des langues autres que l'anglais.
Que retenir ?
Des célébrités ont eu le droit de contourner les règles de la plateforme
L'un des premiers "enseignements" de ces fuites, c'est que des célébrités et des politiciens ont contourné les règles de la plateforme avec l'aval de Mark Zuckerberg - le PDG de Facebook - ou d'autres cadres haut placés, rapporte The Financial times. Et ce malgré le mécontentement des salariés à qui le PDG demande par ailleurs une "neutralité irréprochable".
Par exemple, Mark Zuckerberg aurait remis une vidéo contenant de fausses déclarations sur l'avortement alors que son retrait avait engendré des plaintes de politiciens républicains. Il aurait également céder au gouvernement vietnamien qui voulait censurer les publications de dissidents antigouvernementaux. Facebook a ainsi supprimé 2200 publications entre juillet et décembre 2020, contre 834 durant les six mois précédents, indique le Washington Post.
Un support du trafic d'êtres humains
Sur Facebook et Instagram, on peut "acheter et vendre" des servantes philippines, rapportent CNN et Associated press. La société a promis de "sévir", mais l'agence de presse américaine estime que le réseau social est confronté à "un problème plus large de trafic d'êtres humains".
Moins de 5 % des discours haineux retirés
Facebook a retiré moins de 5 % des discours haineux proférés sur sa plateforme, rapporte le Washington Post. L'an dernier, Mark Zuckerberg avait déclaré devant le Congrès américain que son entreprise en supprimait 94 %.
Au printemps, c'était les employés de Facebook eux-mêmes qui alertaient sur la faible capacité de Facebook à modérer les contenus anti-vaccins. Ils précisent que la détection automatique de ces contenus est "mauvaise en anglais" et "pratiquement inexistante ailleurs".
Les boutons "J'aime" et "Partager" sont aussi dans le collimateur des détracteurs de Facebook. Ces fonctionnalités ont "permis la désinformation" et "permis aux discours haineux de se développer sur le réseau social", rapporte le New York Times qui précise qu'aucune action pour y remédier n'a été conduite par Facebook.
87 % des ressources contre la désinformation pour les États-Unis
L’entreprise aurait aussi supprimé les "mesures de protection" destinées à empêcher la diffusion de fausses informations électorales après le jour de l’élection américaine et avant l’attaque du Capitole le 6 janvier dernier. Sans compter des efforts insuffisants, selon des experts du groupe, pour stopper la croissance du mouvement complotiste QAnon aux États-Unis.
La situation en Inde a également été pointé du doigt par les Facebook papers. Les discours haineux et les fake news, notamment antimusulmans, prospèrent sur ce marché immense pour la plateforme. Les fuites montrent que Facebook n'est pas efficace pour modérer les contenus dans les principales langues indiennes, soit l'hindi et le bengali, alors qu'il s'agit des quatrième et septième langues les plus parlées dans le monde.
En fait, la plateforme consacrerait 87 % de ses ressources à la lutte contre les fake news aux États-Unis, ce qui laisse peu de place pour le reste du monde...
Facebook n'attire plus les moins de 30 ans
Selon des données de mars, le nombre d’adolescents utilisant Facebook aux États-Unis a diminué de 13 % depuis 2019. Et la chute pourrait attendre 45 % en 2023, selon des projections.
La durée quotidienne passée sur le réseau a également baissé de 5 % chez les moins de 18 ans. D'où la volonté de l'entreprise de créer un Instagram Kids destiné aux 10-12 ans qui fait un tollé.
Technologies | Facebook papers : qu'est-il reproché au réseau social ? - Est Républicain
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