Les signataires des accords d’Abraham conclus l’an dernier commencent à en retirer les fruits. Israël a réussi une percée diplomatique en normalisant ses relations avec plusieurs pays arabes, comme les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc tout en espérant convaincre l’Arabie saoudite d’en faire autant pour constituer une alliance militaire face à l’ennemi commun : l’Iran. En attendant, les projets communs ainsi que la coopération militaire foisonnent.
Le dernier accord en date signé cette semaine entre Israël et la Jordanie a la particularité d’avoir été conclu grâce à un intermédiaire émirati. La Jordanie, qui souffre d’une sécheresse catastrophique, va importer 200 millions de m3 d’eau dessalinisée grâce à une centrale israélienne située sur la côte méditerranéenne. En échange, la Jordanie construira une centrale solaire financée par les Émirats qui fournira 600 mégawatts d’électricité à l’État hébreu. Reste à savoir si le peuple jordanien, hostile à ces accords, réagira. De même que les quelque 2 millions de réfugiés palestiniens qui représentent 20 % de la population de ce pays.
Ennemi commun : l'Iran
Autre acte symbolique : Benny Gantz débute ce 24 novembre la première visite officielle d’un ministre israélien de la Défense au Maroc. Les ventes d’armes seront au menu des discussions au moment où la tension ne cesse de monter avec le voisin algérien. Parmi les « produits » que Benny Gantz devrait proposer figurent des drones d’attaque ainsi qu’un système d’interception de roquettes et de missiles. Petit rappel : des responsables du renseignement marocain ont été récemment mis en cause pour avoir mis sur écoute le portable d’Emmanuel Macron et de plusieurs ministres français grâce au logiciel espion Pegasus de la firme israélienne NSO.
Les Émirats vont également se voir récompensés avec la prochaine livraison de 50 F-35, des avions furtifs américains de dernière génération. Les États-Unis avaient refusé jusqu’aux accords d’Abraham de leur vendre ces appareils. Plus spectaculaire : paraphés l’an dernier sous l’égide de Donald Trump, les accords d’Abraham se sont traduits par des manœuvres navales sans précédent en mer Rouge avec la participation des Émirats, de Bahreïn et d’Israël. Des exercices aériens et de défense contre des tirs de missiles avec les mêmes participants sont prévus dans les prochains mois.
Un message adressé à l’Iran. Téhéran pourrait être tenté de bloquer le Golfe persique par où transite plus de la moitié du pétrole produit dans le monde et de renouveler ses attaques de missiles ou de drones contre les installations pétrolières ou gazières de ses voisins. Mais aussi provoquer une escalade dans la guerre au Yémen où Téhéran soutient les rebelles houthis, tandis que l’Arabie saoudite et les Émirats aident le gouvernement.
Les Palestiniens oubliés
De plus, pour la première fois, les stands des entreprises israéliennes d’armement ont été représentés en force au récent salon aéronautique de Dubaï, et non plus via des sociétés écran étrangères. Une telle présence aurait été impensable il y a peu de temps encore. À cette occasion, un accord de coopération a été signé entre Israël Aerospace Industries (IAI) et une firme émiratie pour développer et produire des drones marins capables de repérer et d’attaquer des sous-marins. Un autre projet de coopération porte sur l’espace avec comme objectif un vol non habité vers la Lune.
Plus terre à terre, 200 000 Israéliens, qui n’ont plus besoin de visa depuis le mois dernier, se sont rendus récemment à Dubaï, devenu l’endroit où se montrer. Début décembre, des vols quotidiens entre les deux pays seront inaugurés. De leur côté, les Émiratis sont fascinés par la haute technologie israélienne dans les secteurs de la médecine de pointe, de l’agriculture « intelligente », de l’eau et de l’intelligence artificielle. Ils ont annoncé la création d’un fonds d’investissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars, qui pourrait prendre notamment des participations dans des start-up israéliennes.
Selon les dirigeants israéliens, cette lune de miel a sérieusement remis en cause l’idée, partagée par les États-Unis et l’Europe notamment, selon laquelle Israël ne pourrait espérer être reconnu dans le monde arabe sans un accord préalable de paix prévoyant la création d’un État palestinien. Cette dernière perspective semble, elle, relever pour le moment du mirage.
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