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Monday, November 15, 2021

Corine de Bilbao (Microsoft): "la technologie fait partie de la solution au défi climatique" - Challenges

Challenges- Vous êtes partenaire de la COP26, qu’est ce que cela signifie pour Microsoft?

Corine de Bilbao- Nous avons été parmi les premiers partenaires de la COP26. C’est là que se rencontrent les pays, les décideurs, et beaucoup d’entreprises. Or les citoyens attendent des entreprises qu’elles fassent partie de la solution, et nous croyons à la force de l’écosystème. Au-delà du sponsoring, il était important d’y aller pour être au cœur des discussions. Nous avons animé et participé à plusieurs panels. Nous sommes convaincus que la technologie fait partie de la solution. Il y a également l’enjeu de la mesure des émissions. Nous étions à la COP26 pour démontrer que la technologie peut faire partie de la solution.

Quels sont vos engagements en matière d’émissions de gaz à effet de serre?

Nous sommes déjà neutres en carbone depuis 2012, et nous nous sommes engagés à être carbone négatif en 2030. C’est-à-dire que Microsoft va compenser l’entièreté du carbone émis par l’entreprise depuis sa création en 1975. Cette année nous avons ainsi réussi à réduire de 6% nos émissions de CO2, soit de 730.000 tonnes sur environ 12 millions de tonnes annuelles, scope 3 (émissions indirectes) compris. Si nous maintenons ce rythme de réduction de 6% par an, nous parviendrons à diviser par deux nos émissions d’ici à 2030. 

Comment pensez-vous y parvenir?

Nous travaillons d'abord sur nos data centers, qui sont une grosse partie du sujet de la pollution numérique. En 2025, tous seront alimentés par des énergies renouvelables. Nous agissons aussi sur l’efficacité énergétique des produits, en particulier les Surface et Xbox. Mais ça ne sera pas suffisant. Il y a donc le sujet de la compensation. Nous avons lancé un appel à projets en juillet 2020, pour financer 26 projets avec 15 fournisseurs [Microsoft ne dévoile pas le montant de cet investissement, ndlr]. Parmi eux, de la reforestation, mais là encore ça ne suffira pas, nous avons besoin de technologies de rupture. Nous avons par exemple investi dans le projet Orca de Climeworks en Islande. Leur technologie capte et stock le CO2 pour purifier l'air. Au total, cet appel à projets aura permis de compenser 1,3 million de tonnes de CO2. Mais il reste des solutions à inventer. C’est l’objet de notre fonds innovation d’1 milliard de dollars sur 4 ans, qui doit faire émerger les nouvelles technologies qui nous permettront d’atteindre nos objectifs. Enfin, il est très important d’être transparents avec nos chiffres et nos mesures, nous soumettons donc les données de notre rapport développement durable pour audit à Deloitte, et à partir de notre prochain exercice, nos objectifs de durabilité deviendront un facteur de détermination de la rémunération des dirigeants de Microsoft. 

Lire aussiLaurent Fabius à la COP26: "Il faut bien distinguer greentalking, greenacting et greenwashing"

Vous misez beaucoup sur de nouvelles technologies qui n’existent pas encore, est-ce que le pari n’est pas un peu risqué? Ne faudrait-il pas commencer par parler de sobriété?

On peut avoir beaucoup de débats sur la sobriété. Aujourd’hui nous manquons encore de données. Il faut travailler sur la mesure, notamment sur l’impact du cloud, charge à chacun ensuite de moduler ses usages. 

"La France est le laboratoire parfait pour un accélérateur de start-up environnementales"

Pour accélérer sur ces nouvelles technologies, vous annoncez le lancement d’un accélérateur de start-up, de quoi s’agit-il, et pourquoi l’installer en France?

Il s’agit d’un accélérateur européen, localisé à Station F à Paris. La France a déjà un écosystème développé de start-up, et une bonne connaissance des sujets environnementaux. Il s’agit donc du laboratoire parfait pour cet accélérateur en partenariat avec d’autres acteurs comme Suez, Capgemini, l’Ademe ou Time for the planet. L’objectif est d'accueillir 7 à 10 start-up pour 6 mois d’accélération, pour développer des technologies permettant de réduire et mieux compenser les émissions de CO2. Les start-up ont jusqu'au 10 décembre pour candidater.

Quand on parle de technologies de captation du carbone, revient souvent la question de la rentabilité de ces projets. Allez-vous aussi accompagner les entrepreneurs sur ce volet?

Demain les entreprises ne seront plus jugées que sur des critères de rentabilité économique. Les rapports extra-financiers seront obligatoires. Et les sujets d'empreinte environnementales créent de la valeur. Les technologies de rupture permettront de régler des problèmes mais seront aussi créatrices d’emplois. Après, ces technologies ne sont pas encore suffisamment matures pour le passage à l’échelle. D’où notre accélérateur, qui permettra d’apporter la preuve de la fiabilité de leurs modèles économiques.

Au-delà de la technologie, est-ce qu’il n’y a pas également un sujet de formation pour un usage plus durable du numérique?

Il y a encore beaucoup de travail à faire sur la compréhension des sujets environnementaux. Il y a la prise de conscience, mais un manque de compréhension. C’est pourquoi nous prévoyons 5 heures de formations pour les 1.800 collaborateurs de Microsoft France, qui déboucheront sur un certification. Plus globalement, il y a un besoin d’accélération des compétences digitales en France. Il y a encore 15% d’illectronisme en France. Quant à la formation des développeur, nous sommes membres de la Green software foundation. Elle a été lancée avec la Fondation Linux et en partenariat avec Accenture, GitHub et ThoughtWorks, en mai 2021 à l’occasion de Microsoft Build 2021. L’objectif est de créer un écosystème de standards et d’outils pour aider l’ensemble de l’industrie du numérique à répondre aux enjeux de développement durable, par exemple en concevant des applications moins gourmandes en énergie.

Aider les entreprises à fiabiliser leurs données carbone

Pour parvenir à réduire ou compenser, il faut d’abord compter. C’est l'objet de votre nouvelle offre de service cloud for sustainability. De quoi s’agit-il?

Aujourd’hui, moins de 10% des entreprises mesurent l’ensemble de leurs émissions de gaz à effet de serre. Et 30 à 40% des données dans les rapports sont questionnables. Nous voulons les aider à mieux mesurer. C’est l’objet du Cloud for sustainability. Aujourd'hui les standards de mesures sont indirectes. On regarde sa facture, une base de données générique, et on déduit un montant d’émissions moyen. Notre Cloud for sustainability est une solution Saas qui permet de mesurer directement et automatiquement les émissions réelles. Et plus il y aura de données (anonymisées), plus le machine learning sera efficace pour analyser les modèles et proposer des solutions pertinentes. Ce service est aujourd’hui en public preview, nous devrions lancer la phase de commercialisation l’année prochaine.

Est-ce vraiment le rôle d’un acteur privé de définir des standards de mesure? Ne serait-ce pas plutôt à des institutions de faire ce travail, comme en matière de reporting financier?

Nous ne sommes pas un régulateur. Notre cloud permet de collecter des données et d’en garantir la fiabilité. Les données sont fiabilisées pour que l’entreprise puisse se comparer aux autres de son secteur et sache sur quoi agir. Nous ne sommes pas dans le jugement. Notre rôle n’est pas de dire ce qu’il faut mesurer, les clients connaissent leur secteur, ou quelle mesure doit entrer dans quel indicateur. Nous ne sommes pas donneurs de leçon. Notre rôle est de dire comment nous pouvons mesurer de manière fiable. Parce que nous sommes à un tournant. Nous ne sommes plus dans le temps du déclaratif. Les promesses doivent déboucher sur des actions mesurables et auditables.

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