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Monday, November 15, 2021

Les nouvelles technologies pourront-elles un jour dépolluer la planète ? - 20 Minutes

Microsoft met le paquet pour « sauver » la planète. En pleine COP26 à Glasgow, Brad Smith, le président du géant du numérique, a fait des annonces fortes à Station F, à Paris, mercredi. Outre l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en dix ans et de compenser son impact cumulé depuis sa création en 1975, Microsoft a annoncé la création d’Environmental Start-up Accelerator, en partenariat avec Station F, l’Ademe et Capgemini, notamment. Le programme d’accélération accompagnera une dizaine de start-up européennes qui travaillent sur la réduction et la compensation des émissions carbone. Les nouvelles technologies du futur pourront-elles dépolluer la planète ? En un mot, sommes-nous sauvés ?

« Si nous voulons préserver la planète, nous allons avoir besoin de technologies qui n’existent pas encore, a pointé Brad Smith. Il y aura des technologies du futur, des entreprises du futur et des industries du futur qui n’existent pas encore ». Et le président de Microsoft a mis l’accent sur quatre technologies qu’il faut développer : l’hydrogène vert, le carburant durable d’aviation, le stockage d’énergie et le captage de CO2 dans l’air. « Aujourd’hui, le numérique représente 4 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, a complété Côme Perpère, directeur du développement durable et de la transformation de Microsoft France. Le secteur aérien, c’est deux fois moins que les émissions du secteur du numérique. Si on représente 4 % des émissions, il y a 96 % des émissions qui ne sont pas liées au numérique », a-t-il poursuivi.

Une crise systémique

L’approche de Microsoft envisage le numérique comme pouvant apporter une solution pour les 96 % restants. « Une fois que tout le monde aura mesuré [grâce à l’outil de mesure sur lequel planche Microsoft], le sujet sera de réduire et de compenser, a affirmé Côme Perpère. Il faut qu’on soit en amont de ces phases pour promouvoir l’innovation sur la réduction et la compensation. On s’est rendu compte qu’à part replanter des arbres, il n’y a pas grand-chose ». Sur le papier, la profession de foi de Microsoft vend du rêve. On s’autoriserait même à fantasmer que les acteurs du numérique, grands sauveurs du futur, nous permettront de rester en dessous des 2 °C de réchauffement climatique. C’est bon, on peut dormir sur nos deux oreilles… Sauf que Microsoft semble oublier que la planète est face à une crise systémique.

« Ce qui est dangereux, c’est que les acteurs de la tech aujourd’hui ont un discours concentré sur les gaz à effet de serre, observe Frédéric Bordage, auteur de Tendre vers la sobriété numérique (Actes sud). Or, il y a 23 crises environnementales majeures associées au numérique. L’humanité a, au fond de sa barque, 23 trous et, à force de se concentrer sur un seul trou, on va couler ».

Au-delà de l’empreinte carbone, il y a l’acidification de l’eau et du sol, l’eutrophisation des milieux aquatiques, l’oxydation photochimique, l’épuisement des ressources abiotiques… « Quand bien même l’humanité, grâce à la technologie, arriverait à réduire de façon très importante ses émissions de gaz à effet de serre, cela ne résout pas la problématique systémique liée à l’environnement », poursuit-il. « On ne peut pas se contenter d’attendre que des technologies "sauvent" la planète, il faut modifier nos usages, surenchérit Isabelle Albert, autrice de Tech it green (Institut G9 +). Il y a toujours deux côtés d’une même pièce. Sur le côté face, les nouvelles technologies nous permettent de changer nos comportements mais aussi de prendre conscience de notre impact environnemental ».

Le numérique, une ressource critique

Côté pile, on trouve l’effet rebond. Une nouvelle technologie crée de nouveaux besoins qui sont tels que la solution technologique ne permet plus de compenser les effets écologiques. « Par exemple, on dit que le mail économise une voiture, celle du facteur. Mais en réalité, on n’a jamais vu autant de livreurs à Paris qu’aujourd’hui. Il y a moins de lettres mais toujours plus de colis, car les plateformes numériques comme Amazon, Deliveroo ont créé de nouvelles habitudes de consommation. Le numérique ne se substitut pas à la vie, il s’additionne à la vie », décrivait le journaliste Guillaume Pitron lors de la parution de son livre L’enfer numérique, voyage au bout d’un like (Les Liens qui libèrent), en septembre dernier.

Il va falloir passer la seconde. « Utilisons le numérique pour faire des calculs, modéliser le climat, passer des scanners pour se soigner, reprend Frédéric Bordage. C’est super s’il permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour faire des choses qu’on ne sait pas faire autrement. Le numérique est une ressource critique, non renouvelable, qui sera épuisée dans trente ans [elle repose sur l’extraction de ressources limitées comme des métaux critiques et des terres rares]. Le sujet, c’est comment économiser le numérique ». Pour le fondateur de Green IT qui regroupe les experts indépendants du numérique responsable, il faut associer le low-tech au high-tech et, évidemment, bousculer nos comportements.

La bonne nouvelle, c’est que pour changer nos habitudes de consommation, il faut une prise de conscience. Or, selon le sondage OpinonWay pour Microsoft France, 55 % des Français se disent personnellement préoccupés par la pollution numérique, avec une inquiétude accentuée chez les jeunes et les actifs. Si le géant américain part de loin, il reste l’un des acteurs de la tech les plus engagés sur la question environnementale. Et il devrait le prouver encore ces prochaines années. Reste à trouver une façon de consommer (beaucoup) moins.

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