Publié le 03 décembre 2021
Pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, plusieurs voies sont possibles. L'Ademe en a identifié quatre. Au-delà du débat actuel sur le nucléaire, ces scénarios imposent un choix de société : celui de cheminer vers de nouveaux modes de vie beaucoup plus sobres en énergie ou de parier sur des technologies encore immatures aujourd'hui pour conserver nos modes de vie actuels. Quelle que soit la décision, il va falloir la prendre vite.
Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, le patron de l’Ademe, Arnaud Leroy, rappelle que la neutralité carbone "va au-delà de la question énergétique" et repose sur des "choix de société". "L'enjeu est de ne pas limiter la question de l'avenir de notre pays à une question d'EPR, qu'ils soient 6, 10, 12 ou je ne sais quoi", relève-t-il. Pour tracer la voie vers la neutralité carbone, que la France s’est engagée à atteindre en 2050, l’organisme a présenté cette semaine un important travail prospectif mené pendant plus de deux ans, avec un site dédié "Transition(s) 2050".
Il repose sur quatre scénarios qui vont du plus frugal au plus technologique. Tous aboutissent à la neutralité carbone, impliquent une baisse de la demande énergétique (comprise entre 23 et 55% par rapport à 2015) et intègrent au moins 70 % d’énergies renouvelables. Mais ils n’ont pas le même impact sur l’environnement et les ressources naturelles. Surtout, ils exigent une transformation plus ou moins profonde de nos modes de vie. "Les quatre scénarios ont pour objectifs de faire prendre conscience à tout un chacun, quel que soit son niveau de responsabilité et d’implication dans la construction de ce cheminement, de la nature des transformations et des choix à faire", précise Arnaud Leroy.
Une consommation de viande divisée par trois
Le scénario 1, baptisé "Génération frugale", est celui qui implique les transformations les plus importantes. Il permet d'atteindre la neutralité carbone uniquement grâce aux puits de carbone naturels sans avoir recours aux technologies de captage et stockage de carbone. Mais pour y arriver, il faut diviser la consommation de viande par trois, réduire le nombre de kilomètres parcourus de 26 %, ou encore diminuer la surface des maisons neuves individuelles de 30 %. 70 % de l’acier, de l'aluminium, du verre, du papier-carton et des plastiques viennent du recyclage. La demande énergétique globale serait divisée par deux par rapport à 2015. L’utilisation de pétrole serait très limitée et le gaz principalement d’origine renouvelable.
À l’extrême opposé, il y a le scénario 4, baptisé "Pari réparateur". Il modifie à peine nos modes de vie (domotique, transports connectés...) et tente d'en réparer l'impact en misant largement sur des technologies de captage et stockage de CO2 et des puits de carbone technologiques (captage du CO2 dans l’air), pas encore au point aujourd’hui. "Cet appui exclusif sur les technologies est un pari dans la mesure où certaines d’entre elles ne sont pas matures" prévient l’Ademe. Ce scénario implique une forte électrification et un recours massif à la compensation. La consommation de viande reste stable, de même que la construction neuve et les déplacements augmentent. La demande énergétique est réduite de 23 % par rapport à 2015.
"Atteindre la neutralité repose sur des paris forts, aussi bien sur le plan humain (changements de comportements) que technologique", souligne l'Ademe. "Mais tous les scénarios n'entraînent pas les mêmes conséquences environnementales, sociales et économiques". Quelque soit la voie choisie, l’organisme insiste sur l'importance d’agir rapidement. "Les transformations socio-techniques à mener sont d’une telle ampleur qu’elles mettront du temps à produire leurs effets. Il faut entreprendre dès cette décennie la planification et la transformation profonde des modes de consommation, de l’aménagement du territoire, des technologies et des investissements productifs."
Concepcion Alvarez @conce1
Frugalité ou technologie : la neutralité carbone impose un choix de société - Novethic
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