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Thursday, June 30, 2022

Les investisseurs de plus en plus friands des technologies vertes - L'Opinion

En 2021, les 1 800 pépites de la Greentech ont raflé 16% des fonds levés par les start-up françaises, selon une étude fouillée de Bpifrance publiée au printemps. Elles captent désormais plus d’un milliard d’euros par an, un montant qui n’a cessé de progresser. Les tickets supérieurs à 100 millions se multiplient. Ce seuil a été atteint par Ÿnsect et Innovafeed, qui transforment les insectes en nourriture, Backmarket et Vestiaire Collective, deux sites de vente d’occasions. Tout récemment, Ecovadis, une agence de notation et de certification environnementale, a battu le record en rassemblant 500 millions d’euros. Ces trois dernières sociétés sont d’ailleurs les premières Greentechs à intégrer le club des 27 licornes françaises, ces jeunes pousses dont la valorisation est supérieure à plus d’un milliard d’euros.

L’attractivité de ces pépites vertes auprès des investisseurs s’explique par la puissance de leur impact, soulignent les auteurs de ce panorama exhaustif : « Elles répondent à un besoin urgent de transformation profonde, justifié par l’urgence écologique et climatique, et accéléré par la mise en place de réglementations vertes ». De fait, elles se déploient équitablement sur les six grands domaines d’activité concernés par ce défi : les nouvelles énergies, le verdissement de l’industries, l’environnement (décarbonation, protection de l’écosystème, économie circulaire), la mobilité propre, l’agriculture et l’agroalimentaire, la construction durable.

Effet de levier. « Ce mouvement va s’accélérer, insiste Paul-François Fournier, directeur exécutif Innovation de Bpifrance. La moitié de ces start-up ont moins de cinq ans d’existence et 15% d’entre elles sont des Deep Tech qui utilisent des innovations de rupture issues des laboratoires. Nous pensons que les conditions sont aujourd’hui réunies pour créer un alignement de tous les acteurs français qui facilitent leur émergence ». Bras armé de l’Etat pour les accompagner, Bpifrance guide et rassure les investisseurs privés. Ses interventions déclenchent un effet de levier de quatre voire de cinq, selon ses calculs. Ses subventions, avances remboursables et prêts ont totalisé 586 millions et ont profité à près de 1 000 Greentechs en 2021. Ce à quoi s’ajoutent ses prises de participation dans des fonds (100 millions d’euros) et en direct dans 21 sociétés (pour 200 millions d’euros). Au total, les capitaux publics injectés dans les Greentechs représenteraient désormais environ 30% de leurs besoins. Un niveau historiquement haut mais qui ne diminue pas le rôle des marchés. Bien au contraire. Car l’enjeu économique de la décarbonation est colossal. Pour relever le défi de la neutralité en 2050, l’institut Rexecode a récemment calculé que le niveau des investissements supplémentaires à réaliser doit atteindre entre 50 et 80 milliards d’euros par an d’ici à 2030. Pour les entreprises, cela se traduit par un effort supplémentaire de 10%.

La dynamique est bien enclenchée. Dans son étude, Bpifrance a identifié plus de 40 fonds intégrant les Greentechs dans leur stratégie. Managing partner en charge du capital risque chez Demeter IM, l’un des pionniers (1,2 milliard investi) dans l’hexagone, Eric Marty le constate : « la concurrence se multiplie ». « C’est le bon moment pour investir », ajoute Nicolas Piau, qui dirige Tilt Capital Partners, un fond paneuropéen spécialisé (145 millions d’euros) dont Siparex, l’un des leaders français, a pris le contrôle pour étoffer son offre. Et de préciser : « la société perçoit l’urgence de la transition, la technologie a énormément progressé, les modèles économiques dépendent beaucoup moins des subventions ». Qui plus est, « les technologies de décarbonation produisent des effets d’échelle et riment avec réindustrialisation et emplois, ce qui facilite le montage des projets dans les territoires ». Il y a dix ans, « on pouvait vite faire des bêtises », confirme Fabrice Dumontheil, le dirigeant d’Eiffel Investment (5 milliards gérés), dont l’actionnaire principal est l’entrepreneur Jacques Veyrat, très impliqué dans l’économie verte. Lui aussi pense que le mouvement va s’amplifier : « non seulement les besoins sont énormes, mais tous les investisseurs institutionnels et les épargnants veulent des valeurs vertes dans leurs portefeuille. ». Il prédit d’ores-et-déjà un successeur à son fond thématique, Eiffel Essentiel (400 millions d’euros de capital accélération) lancé il y a un an, dont la taille aura doublé.

Nouvel indice. Afin de créer un effet d’entraînement en bourse, où s’introduisent les pépites profilées pour une très forte croissance, les acteurs de la finance ont incité Euronext à créer un nouveau compartiment dédié à la « tech », dénommé « Tech Leaders », lancé en juin dernier. Sur la centaine de sociétés européennes inscrites à cet indice, 41 sont cotées à Paris, dont 10 Greentechs, selon Aude Contamin, responsable de la gestion Small&Mid Caps chez CDC Croissance. La filiale de la Caisse des Dépôts, leader sur le créneau des PME cotées, avec 150 valeurs tricolores en portefeuille, accompagne quelques-unes de ces sociétés qui développent des technologies et solutions risquées dont Aude Contamin reconnaît qu’elles sont risquées mais porteuses de beaucoup d’espoirs.

« Dans un environnement macro-économique redevenu très incertain, les valeurs cotées pourraient subir des corrections très importantes, pronostique Pierre Abadie, directeur du climat chez Tikehau Capital, mastodonte européen de la gestion d’actifs. Plus les technologies sont risquées, plus l’investissement est sensible à des facteurs exogènes, comme l’inflation ou la hausse de taux d’intérêts ». Voilà pourquoi Tikehau Capital privilégie, par exemple, les « solutions de bon sens » et se montre « très prudent avec les technologies risquées ». Son parti pris rejoint celui d’Arkea Capital, fort de quinze ans d’expérience sur ce marché. Le directeur des investissements à impact, Morgan Carval, confie privilégier « le financement d’entreprises capables d’avoir de l’impact rapidement par rapport aux projets à long terme », parce que « l’urgence est immédiate ». Bonne nouvelle, la concurrence crée des opportunités et donne de la profondeur à ce marché qui accélère très fort dans tous les secteurs.

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