Application zéro déchet, ouverture par smartphone de bacs de collecte, outil de monitoring de la biodiversité… Une multitude de solutions technologiques au service de la transition écologique ont été présentées lors du salon des maires et des collectivités qui a fermé ses portes jeudi 24 novembre. Captant davantage l’attention que les ateliers sur la sobriété ou les exposants plus traditionnels.
À l’affût d’innovations, les élus « veulent paraître modernes, mais pour quel usage ? Et avec quel impact environnemental », s’interroge Guillaume Gallon. Chef de projet de Terra-num, une société spécialisée dans la transition numérique responsable, il milite lui-même pour l’innovation… à condition que les collectivités apprennent à mieux définir leurs besoins avant de s’équiper. À « importer le bon sens paysan dans le monde de la technologie ».
Régime numérique
Illustration côté mobilité. « On a tendance à multiplier le nombre de caméras et de capteurs de données pour évaluer le nombre de passants et mieux gérer l’espace public, remarque Marie-Christine Prémartin, vice-présidente de l’association Rue de l’avenir. Mais développer la marche à pied par exemple, cela demande d’abord des bancs, des fontaines à eau, des réfections de trottoirs. Sans tourner le dos à la technologie, la priorité est d’investir dans l’humain et les infrastructures de base ».
L’entrée en vigueur progressive de la loi REEN, vise justement à pousser les communes et les intercommunalités de plus de 50 000 habitants à se poser ce type de questions. D’ici le 1er janvier, elles sont tenues d’élaborer un état des lieux et un programme de travail leur permettant de mieux évaluer leurs outils numériques.
Cela passera entre autres par un tri des données stockées. La moitié d’entre elles ne sert à rien, selon une étude de l’entreprise Veritas. Dans les villes de taille moyenne en particulier, « est-il utile de collecter des informations que personne n’est missionné pour exploiter ? », s’interroge Guillaume Gallon. Ou qui nécessitent des capteurs dont la maintenance est chronophage (remplacement de batteries, mises à jour…).
Sur les réseaux d’adduction d’eau, certaines collectivités amorcent un virage à 180 degrés. L’instrumentation est un moyen de détecter les fuites, mais des campagnes de mesure ciblées sont parfois tout aussi efficaces que des capteurs laissés en permanence.
Paradoxe
Si certains exposants ne semblent pas prêts à abandonner la gadgétisation de la technologie, d’autres ont conscience de la nécessité d’innover avec modération. « Mon intérêt économique serait de vendre un maximum d’équipements connectés, souligne Nicolas Le Jean, directeur du développement commercial d’Itron, une société spécialisée dans le comptage. Mais créer une ville intelligente, c’est d’abord comprendre sa problématique ». Sur l’éclairage public en particulier, un ultra-centre et une zone artisanale n’ont pas besoin de la même finesse dans le pilotage. Tous les lampadaires n’ont donc pas besoin d’être communicants.
Tout est question de mesure. « Nous sommes convaincus que sans numérique, il y a beaucoup de choses qu’on ne peut pas faire », estime Jean-Christophe Louvet, président de la commission développement durable de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP). Et pourtant, « avec le numérique, on est capables de faire toutes les âneries possibles ».
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