La Commission européenne a compris à quel point il est important d’écrire l’avenir des technologies propres en Europe. Mais l’Allemagne et la France – obnubilées par des sujets de court terme et divisées sur l’énergie nucléaire – déconcertent les investisseurs et entravent la compétitivité du continent.
Sabine Nallinger est directrice générale de la « Stiftung KlimaWirtschaft » (Alliance pour le climat et l’économie) en Allemagne, fondation regroupant 30 entreprises issues de tous les secteurs du commerce et de l’industrie promouvant des solutions de transition pour ces secteurs. Brick Medak est responsable de la politique européenne et internationale de la fondation.
Les technologies propres se trouvent à un moment critique de leur développement. Des investissements de plusieurs milliards d’euros sont décidés en ce moment même, qui auront des implications décisives pour la prospérité future de chaque pays.
Pourtant, en se concentrant sur des politiques de court terme, plutôt que sur l’élaboration d’un jeu de politiques publiques pragmatiques de long terme, les gouvernements français et allemand dressent des obstacles inutiles à la compétitivité du continent pour les décennies à venir.
La France devrait élargir sa perspective au-delà de l’énergie nucléaire pour accélérer le développement de toutes les énergies renouvelables.
En Allemagne, le débat actuel sur l’élimination progressive des moteurs à combustion devrait donner le coup d’envoi de la concrétisation du potentiel des voitures électriques – et maintenir l’accent sur les technologies qui ont véritablement des chances de réussir.
Les petites querelles que nous avons pu observer récemment risquent d’envoyer de mauvais signaux aux investisseurs. Les dirigeants d’entreprises qui doivent décider de l’emplacement de leur prochaine gigafactory de batteries ou de leur futur parc solaire de grande puissance lisent les actualités.
Il y a quelques semaines, la France et l’Allemagne ont eu une nouvelle occasion, qu’elles n’ont pas saisie, de s’affirmer comme de véritables leaders dans la course aux énergies propres, avec l’accord conclu entre les institutions européennes et les États membres sur un nouvel objectif de consommation d’énergies renouvelables pour 2030. L’objectif a finalement été fixé à 42,5 %. Il s’agit d’un pas en avant, mais qui reste en deçà de ce qui est nécessaire pour accélérer la transition énergétique en Europe.
L’Allemagne a bien soutenu l’objectif plus ambitieux, de 45 % défendu par la Commission européenne et le Parlement, mais la France s’est montrée réticente à le réhausser et a tenté d’inclure le nucléaire.
Autre signal mitigé, la semaine précédente… Au grand dam des autres dirigeants de l’UE, l’Allemagne a forcé un compromis pour exclure les véhicules fonctionnant aux carburants de synthèse de l’interdiction de la vente, à partir de 2035, de voitures à moteur à combustion.
L’exemption elle-même n’aura probablement que peu d’effet pratique. La fabrication de carburants de synthèse neutres en carbone nécessite beaucoup plus d’électricité que l’alimentation des véhicules électriques, dont l’augmentation des ventes est déjà une réalité. Les voitures à carburant de synthèse ne constitueront probablement qu’un segment très marginal du marché.
En présentant son Green Deal, la Commission européenne montre qu’elle veut faire en sorte que l’avenir des industries propres mondiales s’écrive en Europe.
Bruxelles comprend bien à quel point les technologies propres et la transformation de son industrie sont essentielles pour l’avenir économique du bloc.
L’Allemagne et la France doivent maintenant envoyer un signal clair et commun. Nous allons mener l’industrialisation des technologies propres dont le monde a besoin : panneaux solaires, pompes à chaleur, électrolyseurs, systèmes d’énergie éolienne, etc. Cela commence par la promotion du plan « Net Zero Industry Act » proposé par la Commission.
La France et l’Allemagne doivent travailler ensemble sur les prochaines étapes, en mettant de côté leurs divergences sur l’énergie nucléaire et en concentrant leur coopération sur les technologies à propos desquelles elles ont une vision commune.
Les signaux contradictoires ne font que perturber l’industrie dans la course mondiale aux technologies propres. Face à la loi américaine sur la réduction de l’inflation, l’Europe doit envoyer des signaux clairs en faveur d’un avenir énergétique propre pour attirer les investisseurs. Pour gagner la course aux technologies propres, l’Europe doit faire preuve de détermination.
Ensemble, la France et l’Allemagne devraient améliorer les conditions d’investissement dans les technologies propres et travailler à un plan d’investissement à long terme pour le climat pour l’UE.
De cette manière, l’UE enverra un message clair au reste du monde : nous voulons développer, fabriquer et déployer en Europe les technologies propres et les technologies liées aux énergies renouvelables qui sont vitales pour notre transition verte et notre souveraineté technologique.
Énergies propres : le couple franco-allemand doit cesser d'envoyer des signaux contradictoires - EURACTIV France
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