Pour Amnesty International, les révélations sur le logiciel d’espionnage Pegasus mettent en évidence « une crise des droits humains mondiale ». L’organisation non gouvernementale (ONG) a demandé, samedi 24 juillet, qu’un moratoire soit « immédiatement instauré » sur la vente et l’utilisation des technologies de surveillance, avant la mise en place d’un cadre réglementaire « respectueux des droits humains ».
Dans un communiqué, l’organisation alerte sur « les effets dévastateurs sur les droits humains partout dans le monde d’un secteur de la cybersurveillance peu réglementé ». Les informations données par Le Monde et seize autres médias, réunis au sein d’un consortium coordonné par Forbidden Stories, « montrent clairement les dangers et les préjudices auxquels sont exposées les personnes illégalement prises pour cibles », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, citée dans ce communiqué.
La société israélienne NSO, qui a conçu le logiciel, « est une entreprise parmi d’autres. Il s’agit d’un secteur dangereux qui opère depuis trop longtemps à la limite de la légalité », déplore l’ONG. « Il est absolument urgent que soient renforcés la réglementation du secteur de la cybersurveillance (…) et le contrôle de ce secteur très opaque », estime-t-elle.
Alerter les plus hautes sphères politiques
Introduit dans un smartphone, le logiciel Pegasus permet d’en récupérer les messages, photos, contacts, et d’activer à distance les micros. Les organisations Forbidden Stories et Amnesty International ont obtenu une liste de 50 000 numéros de téléphone, sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour être potentiellement surveillés. Elles l’ont partagée avec les 17 rédactions qui ont révélé son existence dimanche.
La liste des cibles potentielles comprend les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise, d’après l’analyse du consortium – qui en a localisé beaucoup au Maroc, en Arabie saoudite ou encore au Mexique.
Le Monde et Radio France, partenaires du projet, ont révélé qu’une ligne de téléphone d’Emmanuel Macron faisait partie des « numéros sélectionnés par un service de sécurité de l’Etat marocain (…) pour un potentiel piratage ». Les activistes d’Amnesty International espèrent que « le fait que de hauts responsables politiques aient eux-mêmes été pris dans les filets des technologies de surveillance » permettra d’« alerter enfin les Etats du monde entier sur l’impérieuse nécessité de réagir en réglementant ce secteur ».
« Projet Pegasus » : Amnesty International demande un moratoire sur l'utilisation des technologies de cybersurveillance - Le Monde
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