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Tuesday, September 7, 2021

Les technologies québécoises veulent leur place à l'école - Le Devoir

Si la dernière année et demie a prouvé une chose, c’est que le réseau scolaire est plus flexible qu’on le croyait : des outils technologiques jusque-là complètement ignorés des enseignants et des écoles sont devenus la norme du jour au lendemain. Pourquoi alors s’arrêter en si bon chemin ?

C’est la question que posera au ministère de l’Éducation mercredi l’organisme Edteq, un regroupement d’entreprises spécialisées dans les technologies desservant le secteur de l’éducation (« edtechs ») qui publie une étude sur la place de leurs technologies à l’école. Leur principal objectif : éviter que le système scolaire québécois ne referme la porte sur les edtechs maintenant qu’un retour en classe un peu plus normal a lieu.

« Nous espérons être entendus par le gouvernement et le secteur scolaire pour rapidement offrir plus de visibilité aux technologies éducatives québécoises », explique au Devoir la directrice générale d’Edteq, Julie Pigeon. « Il y a eu beaucoup d’investissements depuis un an et demi dans les technologies scolaires et nous voulons saisir l’occasion pour rappeler qu’il n’y a pas que les Google et Microsoft qui existent dans ce secteur. »

Edteq a été créé en 2017 par une vingtaine de dirigeants d’entreprises déjà spécialisées dans le secteur éducatif. L’organisme compte aujourd’hui près d’une centaine de membres dont la taille varie entre de très petites entreprises générant des revenus de quelques dizaines de milliers de dollars à des PME plus costaudes dont le chiffre d’affaires s’élève à quelques millions de dollars.

Déjouer la résistance

Montréal compte déjà au moins une jeune entreprise à succès dans le secteur encore naissant des technologies éducatives : la plateforme de tutorat Paper a bouclé en juillet une ronde de financement de 100 millions $US pour développer son offre numérique de services d’enseignement vendue directement aux écoles. Paper propose une aide aux devoirs à distance et sur demande aux élèves du primaire et du secondaire qui peut porter sur 200 sujets différents et qui est offerte en quatre langues.

Paper est peu connue chez nous : elle est surtout active aux États-Unis et ailleurs au Canada. Ce n’est pas un phénomène rare parmi les entreprises québécoises d’edtechs, observe Julie Pigeon. La majorité des entreprises représentées par Edteq ont d’ailleurs leurs principaux clients aux États-Unis ou en Europe.

Outre leur manque de visibilité, les technologies d’ici déplorent une certaine résistance de la part du secteur scolaire face à l’innovation et aux technologies numériques. « Elles sont souvent perçues comme étant coûteuses », dit Mme Pigeon, qui ajoute que souvent, les gens responsables de les acheter ne sont pas ceux qui les utilisent ensuite au quotidien.

La clé pourrait être de rapprocher les centres d’innovation des lieux d’enseignement, imagine la directrice générale d’Edteq. Elle cite en exemple les écoles scandinaves qui accueillent de tels centres, où des entrepreneurs peuvent créer plus facilement des solutions sur mesure pour les enseignants et les élèves, puisqu’ils les côtoient sur une base régulière.

L’étude qu’Edteq publiera mercredi recommande également de créer au sein même du ministère de l’Éducation un centre d’expertise en technologies éducatives, qui aiderait à identifier celles qui pourraient être adoptées plus massivement. Mettre sur pied un accélérateur technologique comme ceux qu’on trouve déjà dans d’autres secteurs économiques, comme l’intelligence artificielle, le jeu vidéo ou même l’agriculture et l’environnement, est une autre de ses recommandations.

La plateforme L’école ouverte mise en ligne par Québec pour centraliser l’offre de ressources éducatives numériques disponibles pour les enseignants est un bon début, mais cela peut aller beaucoup plus loin. Il existe des solutions québécoises de classes virtuelles, de réalité augmentée, d’école à distance et d’aide aux enseignants et aux élèves qui ne demandent qu’à être mieux connues des écoles de la province, selon Edteq.

Souveraineté éducative

À l’échelle mondiale, la révolution technologique de l’école primaire et secondaire est perçue comme une occasion d’affaires de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Des géants américains, européens et chinois se positionnent pour récolter la plus grande part de ce gâteau dont la valeur pour l’Amérique du Nord seulement devrait passer de 28 à 89 milliards de dollars d’ici 2027.

La pression est forte sur les systèmes d’éducation nationaux pour adopter les technologies développées par ces grands joueurs. Le hic, c’est que ces technologies ne sont pas toujours bien adaptées à la réalité d’élèves dont la langue maternelle n’est pas l’anglais ou qui ne sont pas nés dans le pays où la technologie a été développée. L’avantage d’une technologie développée localement est qu’elle sera déjà adaptée aux besoins locaux. Un ouvrage mal traduit risque moins de se faufiler sur les appareils des écoliers, par exemple. C’est l’autre problème soulevé par Edteq avec son étude.

Ces derniers mois, plusieurs industries québécoises ont redécouvert l’importance de l’achat local. Sans être une industrie, le secteur de l’éducation devrait avoir la même considération, plaide Julie Pigeon. « J’aimerais engager la discussion sur la place de l’achat québécois en éducation. Les ressources québécoises existent. Il y a un élan en ce moment vers l’achat local. Il faut en profiter. »

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