Rechercher dans ce blog

Thursday, January 19, 2023

« Nous voulons embarquer les industriels dans l'aventure du quantique », affirme Laurent Guiraud de ColibrITD - L'Usine Nouvelle

ColibrITD est spécialisé dans le logiciel et l’algorithmie quantique. Pouvez-vous détailler un peu plus votre activité ?

Si l’écosystème quantique continue d’être aussi fragmenté, le marché ne pourra pas décoller, surtout en France. Notre idée est de fournir aux industriels une plateforme disponible à la demande qui simplifie l’accès aux technologies quantiques, en masquant les parties matérielles et logicielles, et réponde à des cas d’usage, qu’il est nécessaire d’identifier au préalable. Nous sommes la seule entreprise française à accomplir cela, à l’instar d’éditeurs internationaux tels que Multiverse et QC Ware

N’est-ce pas risqué de se lancer maintenant alors que l’ordinateur quantique est encore loin d’être opérationnel ?

Oui, c’est risqué. Les technologies n’ont pas atteint le stade de maturité qui démontre un quelconque avantage quantique. Mais on doit anticiper, sinon on ne sera pas prêt. Quarante ans plus tôt, les supercalculateurs et la méthode des éléments finis pour résoudre des problèmes de dynamique des fluides paraissaient rudimentaires. Mais jamais Airbus et les autres ne seraient développés sans ces outils… Si on ne travaille pas déjà sur la partie logicielle alors que la dynamique dans le matériel est bonne, on perdra du temps et les américains conserveront leur avance.

Comment se présente votre plateforme ?

C’est une plateforme intégrée et adaptée aux cas d’usage de l'industrie : déformation de matériaux, combustion, écoulement de fluides… Les industriels pourront y introduire leurs paramètres pour trouver des solutions à leurs problèmes. Nous proposerons d’autre part des API (interfaces de programmation d’application) au travers desquelles les utilisateurs de logiciels-métiers pourront faire appel à notre moteur. Concrètement, nous développons les algorithmes, la couche intermédiaire qui expose ces algorithmes via des API et éventuellement une interface graphique pour l’utilisateur. L’ensemble sera disponible dans le cloud en mode SaaS (software as a service).

Votre logiciel prend-il en compte la pluralité des technologies quantiques ?

Les qubits photoniques, supraconducteurs et à atomes neutres se manipulent et se programment en effet de trois façons différentes, mais le client final doit être affranchi de cette complexité. Notre couche d’abstraction peut opérer quel que soit la technologie sous-jacente. Ce qui implique d’avoir une bonne connaissance de l’aspect matériel. Notre équipe ne compte que des docteurs en physique et deux personnes avec un double cursus, à la fois en physique et en informatique.

Si la manipulation des qubits individuels est réservé à leurs concepteurs, nous sommes quand même un peu obligés de réaliser un code de bas niveau, comme au temps des premiers microprocesseurs où coexistaient de nombreuses architectures et jeux d’instructions. L’optimisation de nos algorithmes en tire profit. Par ailleurs, nous travaillons avec Atos, qui conçoit un middleware (couche logicielle intermédiaire, ndlr) pour les calculateurs quantiques et fabrique des supercalculateurs classiques. Car, au final, cette informatique sera hybride.

Quand votre offre sera-t-elle prête ?

Une première version (produit minimum viable) de notre plateforme logicielle devrait sortir en juin 2023 et s’appliquera à la simulation de combustion à une dimension et à la dynamique des fluides, en collaboration avec l’Onera. Elle tournera sur les systèmes quantiques IBM et Amazon Web Services, ainsi que sur le simulateur d’Atos (QLM, ndlr). Nous voulons démontrer la faisabilité et le potentiel : si ca marche avec 10 qubits, ca marchera encore mieux avec 100 et on peut prévoir tel niveau de performances. Grâce à cela, les fournisseurs de ces calculateurs quantiques ont aussi l’occasion d’améliorer leurs systèmes.

Quelles sont vos priorités cette année ?

D’abord trouver des investisseurs : nous espérons lever 1 million d’euros en 2023. Ensuite, nous voulons embarquer les industriels dans l’aventure, car les thèses Cifre (convention industrielle de formation pour la recherche, ndlr) et la recherche ne suffiront pas à stimuler la filière quantique en France. L’intérêt de nos partenariats avec IBM (ColibriTD fait partie du Quantum Network d’IBM, ndlr) et Atos est de pouvoir prospecter leurs clients et de leur proposer des solutions spécifiques de bout-en-bout. Il reste à trouver l’industriel pionnier, celui qui commencera à déployer le calcul quantique en production et déclenchera un cercle vertueux.

Sélectionné pour vous

Deeptech au CES 2023 : Glophotonics prépare son horloge atomique miniature à coeur photonique

Adblock test (Why?)


« Nous voulons embarquer les industriels dans l'aventure du quantique », affirme Laurent Guiraud de ColibrITD - L'Usine Nouvelle
Read More

No comments:

Post a Comment

À Lannion, Lumibird poursuit sa course en tête des technologies laser - Le Télégramme

À Lannion, Lumibird est un fleuron industriel et technologique . Fondée en 2018, dans la foulée du regroupement de Keopsys et Quantel, l’en...