Sur l’aire de carénage du bassin Lympia, au port de Nice, Pierre Ropero s’affaire sur son pointu. Ce maître bottier à la retraite a 80 ans. Le Lydie, son embarcation, en a près de 50. "J’ai déjà changé cinq fois la culasse, soupire l’octogénaire. La dernière fois, dès la première sortie, je n’étais pas arrivé au cap de Nice que le moteur s’est arrêté de tourner… Cette fois c’était les pistons! J’en ai eu marre", tranche ce vieux Nissart. Qui, du coup, a fait appel à Alain Delache. Un drôle de Géotrouvetout.
Un bidouilleur de génie, qui s’est fait un nom et une réputation dans le calibrage des moteurs électriques. Au point que la petite boîte qu’il avait lancée, à deux pas du port, boulevard Stalingrad, est vite "devenue leader sur la région, puis leader français et leader en Europe avant d’être rachetée par… le leader mondial, Philips Medical". Avant de convertir les vieux pointus niçois à l’électrique, Alain Delache concevait des machines médicales.
E-pointu, trottinette vélo et drone militaire
"J’ai eu une autre vie avant", sourit-il. Plusieurs en fait. Vélo, scooter des mers, trottinettes et même un drone militaire capable de grimper dans la stratosphère et de voler à 350km/h, cet ingénieur est le roi de la propulsion électrique. Alors, lorsqu’il a acheté un pointu, il y a six ans, s’est logiquement lancé le défi d’en changer la motorisation. "Le problème c’est la cavitation", lâche Alain comme si c’était une évidence. "Parce que les moteurs électriques tournent plus vite. Il faut donc de plus petites hélices. Avant de trouver la bonne il fallait faire des tests", égrène-t-il. Alors, plutôt que de les acheter, Alain préfère les imprimer!
Dans les anciens locaux de son entreprise de matériel médical, toujours boulevard Stalingrad, des imprimantes 3D tournent à plein régime. Alain Delache en est à sa sixième conversion de pointu: "Six sur Nice et deux à Saint-Raphaël." Outre son e-pointu à la coque rouge vif, sa première réalisation fut le célèbre passagin remis en service par le conseil départemental.
"Il tourne à plein régime toute la journée. C’était pour moi le meilleur des tests possibles", explique l’inventeur niçois en pianotant sur son portable. Les premiers candidats à la traversée du port se pressent sur le quai. Alain leur demande de patienter deux minutes. Le temps de se connecter en Bluetooth avec le cerveau électronique du passagin et le voilà qu’il prend les commandes depuis son téléphone!
Capable d’aller jusqu’en Corse
La technologie mise au point par ce Géotrouvetout niçois est désormais au point. En apparence elle est simplissime. "Tout tient dans le safran", résume Alain: commandes, moteur, hélice… Il suffit de le fixer à la coque, de brancher un câble et voilà le pointu prêt à prendre le large.
C’est le cas de le dire. Les batteries de voiturettes de golf que l’ingénieur a installé sur son e-pointu, en lieu et place de l’ancien moteur thermique, "sont suffisantes pour aller jusqu’en Corse". Il suffit d’une heure de charge pour avoir une heure d’autonomie. Une navigation douce où le bruit du moteur ne vient plus couvrir le clapotis des flots. "Il n’y a plus de risque de rejet d’huile ou de carburant", souligne l’inventeur niçois.
Et plus, non plus, de risque de panne. Le moteur électrique s’avère bien plus fiable que son équivalent thermique. De quoi ravir Pierre, le maître bottier à la retraite. "Et en plus maintenant je suis écolo", s’enthousiasme-t-il.
Il allie tradition et nouvelles technologies: un inventeur de la Côte d'azur a mis au point le pointu électrique - Nice-Matin
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