Publié le 13 janv. 2023 à 9:00
Chaque année, 30 % des arrêts de travail sont dus à des troubles musculo squelettiques (TMS). Bilan : ces affections des articulations, des muscles et du dos coûtent aux entreprises 2 milliards d'euros par an en cotisations à l'Assurance maladie. Pour tenter de remédier à cette situation, la société Moten Technologies a développé un capteur pour mesurer plus précisément les efforts réalisés par les salariés lors de tâches répétitives. Une intelligence artificielle analyse ensuite ces données pour évaluer le niveau de tension et de fatigue sur les muscles.
Commercialisée en 2019, la technologie intéresse déjà les secteurs du BTP, de la logistique et de la production automobile. « Nous avons eu une quarantaine de clients l'année dernière, avec un panier moyen de 10.000 euros par client », fait valoir Maxime Projetti, fondateur de Moten Technologies. Un prix qui inclut 6 capteurs pour réaliser les mesures sur un salarié, ainsi que la licence du logiciel d'exploitation des résultats.
La sociétécréée en 2018 compte surfer sur cet intérêt marqué pour sa solution pour faire croître son activité cette année. En juin dernier, la première levée de fonds de Moten Technologies a permis de rassembler 1 million d'euros en tout : 600.000 euros auprès d'investisseurs particuliers et 400.000 euros de bpifrance. Cette première étape lui a permis d'embaucher 5 personnes et de porter ses effectifs à 15 salariés. La société basée à Gif-sur-Yvette (Essonne) compte booster son développement commercial.
Résultats concrets
La solution de Moten Technologies ouvre de nouvelles possibilités pour la prévention des TMS car elle permet une mesure fiable dans les conditions réelles d'un effort physique. Cela était impossible avec les capteurs précédemment développés à cause de facteurs parasites trop importants - les mouvements des sujets ou la transpiration. « Nous sommes les seuls à développer cette solution en France. Aujourd'hui, nous utilisons des pansements pour maintenir le capteur contre le muscle. Cette année, nous travaillons sur une version miniature avec de petites électrodes qui collent mieux », explique Maxime Projetti.
L'innovation a donné lieu à des aménagements concrets dans les entreprises où elle a été déployée. « Nous avons constaté que 30 % des gestes les plus à risques surviennent dans les moments non productifs, quand le salarié se baisse pour ramasser des outils rangés par terre par exemple. Ces données permettent de modifier concrètement l'organisation du poste de travail », explique Maxime Projetti.
En parallèle, Moten Technologies s'est associée aux sapeurs-pompiers de l'Essonne depuis un an et demi. L'entreprise a étudié les muscles les plus sollicités pendant les entraînements et les a comparés aux parties du corps les plus utiles en intervention. Jusqu'en mars, des expérimentations similaires avec des entreprises ont lieu dans toute l'Île-de-France. Chaque département teste une technologie différente, qui pourrait faire prendre un tournant technique aux sapeurs-pompiers.
Santé au travail : les capteurs de Moten Technologies ciblent le BTP et la logistique - Les Échos
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